Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "depuis le temps que je dois voir ce film."
Scénario :
Un vieux prêtre retrouve une statue moche en Irak. Une actrice enchaine les rôles. Un prêtre perd sa mère et fait de la boxe. Vingt bonne minutes après le début du film, la fille de l'actrice tombe malade et devient petit à petit possédée par le démon. Une heure et demi après le début du film, le vieux prêtre fait son apparition devant la maison de l'actrice et on a le droit au plan qui donne lieu à l'affiche du film.
En tant que sujet d'étude :
"L'exorciste " est un bon sujet pour analyser le "classique" des films d'horreur.
Nous sommes dans les années 1970 : le genre du slasher n'existe pas et le terme de "film d'horreur" à tendance à désigner des films gothiques de la Hammer. On parle d'ailleurs plus de "thriller" que de film d'épouvante. Le roman "L'exorciste" de Wiliam Peter Blatty cartonne et les studios veulent absolument l'adapter malgré la froideur des réalisateurs (Hitchcock, Kubrick) ou des comédiennes (Jane Fonda, Audrey Hepburn, Anne Bancroft...) Le projet échoit au réalisateur de "French Connection" un certain William Friedkin, qui est loin d'être un rigolo.
La lecture des histoires autour du tournage est super intéressante, entre les conditions de tournage à la dure (et vas-y que je te traine par des fils et vas-y que je te file des claques pour que tu ai l'air surpris, et si on passait notre temps dans une chambre frigorifiée pour bien simuler le froid ?) les incidents de plateaux, les acteurs qui sont morts durant ou après le tournage ou l'impossibilité pour les studios de faire une suite ou une préquelle ayant un semblant d'intérêt.
La mise en scène du film est plutôt intéressante avec la lente progression des symptômes du mal que dont la petite Regan va souffrir : Passé quelques minutes de bonheur familial, on se retrouve abruptement avec la fille devant aller à l'hôpital où les examens médicaux sont filmés comme une sorte de "première tentative d'exorcisme" qui font souffrir la petite fille. Puis, c'est la possession démoniaque où l'exorcisme devient avant tout un moment d'affrontement intime entre les prêtres et le démon se trouvant dans la jeune fille.
Friedkin filme le sujet comme un drame quotidien et moins comme un film d'horreur : peu ou pas de jump-scare, quelques travellings à la caméra et des effets basés avant tout sur le maquillage et sur des fils invisibles. On ne cherche pas à nous surprendre : Ormi dans la scène de "l'araignée" (n'existant que dans la nouvelle version) l'action de l'horreur ne se retrouve que dans la chambre et l'on sait que les choses terribles ne vont arriver que lorsque l'on l'aura poussée.
Mon avis personnel :
En 2015, ce film ne fait "plus peur du tout" et à mon avis c'est dû à deux facteurs :
1) Il a 43 ans.
A l'époque de sa sortie, on était encore dans une société relativement chrétienne, les histoires de démons ne courraient pas les rues et du coup ça pouvait susciter l'étonnement. Maintenant on a tous vus les passages les plus "choquants": les moments de "ta mère est une pute", les coups de poignards au crucifix, la tête qui tourne à 180°, cela a été vu, vu et revu que ce soit sous forme d'extraits, de gif animés ou de parodies. La tête de Linda Blair maquillée avec ses yeux pales et ses dents moches sert à illustrer 99% des screamers (un comble pour un film n'ayant pas de jump-scare.)
2) On a vu pire niveau horreur. Le film n'étant ni "gore" (excepté à l'hôpital) il est techniquement aussi effrayant qu'un petit téléfilm sur M6.
Autre défaut que je reproche au film (d'où ma note de 6) : il s'attarde parfois sur des moments sans intérêts et oublie d'en expliquer d'autres. Franchement, sans lire d'article sur internet, je n'aurais pas compris pourquoi le film commence sur 10 minutes de fouilles en Irak. D'ailleurs même en lisant les articles, je ne sais pas l'utilité de la statuette trouvée en Irak ainsi que celle vue en bas des escaliers (ok, elles ressemblent à la petite sculpture faite par Regan, mais bon...) Le démon principal du film (Pazuzu) n'est jamais mentionné, par contre on s'attarde sur le prêtre en train de faire de la boxe ou sur le second prénom de Regan. De plus, la mort de Burke n'est jamais montrée (ou ne serait-ce que suggéré) afin de nous être raconté plus tard et j'ai mis du temps à m'investir dans cette sous-intrigue.
(Et comment techniquement les gens tombant de cette fenêtre peuvent atterrir dans l'escalier en contrebas... c'est quand même assez balaise, non ?)
Du reste, ces défauts mis de côté, le film se regarde sans déplaisir à partir de la première heure. Il reste captivant avec une ambiance toujours palpable.