En équilibre
Qu'est ce qui maintien soudés, affranchis, libres les êtres ? Quel est ce fil invisible qui rend une famille belle et unie avec un père épanoui dans son métier de psychanalyste qui écoute et tente de...
Par
le 29 juin 2013
23 j'aime
1
Nanni Moretti est un cinéaste italien chouchou de la critique depuis les années 1990, connu notamment pour Habemus Papam en 2011 et Le Caiman cinq ans plus tôt (contre Berlusconi). Il a obtenu la Palme d'Or de 2001 (à sa 9e nomination) avec son premier film non-autobiographique, La Chambre du fils, récit d'un deuil parental. Il y interprète lui-même le personnage principal, un psychanalyste quarantenaire, le père de l'enfant mort précocement.
La réalisation est extrêmement dépouillée, le ton très primaire, la mise en scène sans éclats, mais le style de Moretti se ressent néanmoins : toujours cette sensibilité discrète, cette arrogance molle balancée par un conformisme de petit humaniste moralement bedonnant. Le film est un peu ronflant mais l'approche du deuil est plus pertinente, délicate, à même d'émouvoir avec un minimum de mots et d'effets. Laura Morante relaie particulièrement bien cette émotion et illumine la séance, la présence de Moretti étant plus sèche.
L'humour amer de l'auteur s'exprime à foison, avec une tristesse d'autant plus manifeste, mais aussi avec sérénité et finalement chaleur. Moretti joue avec des caricatures (ces patients grotesques, mais pas méchants), trouve vite ses limites car sa sagesse pratique tient de la superficialité. Il se trouve ainsi en adéquation avec ce psychanalyste ensommeillé. Débordé par ses patients qu'il critique dans son for intérieur, il réalise qu'il a pu se tromper, être naïf et surtout aveugle. Son sommeil était global, la tragédie venu le secouer le met en évidence.
Tout ça est bien aimable mais le niveau reste bas, parce que Moretti force mais ne formule finalement aucun discours. Il n'a guère d'idées de cinéaste et son inspiration repose sur des clichés qu'il laisse à leur place. Admettons que « la paresse n'est pas la passivité » ; ici l'esprit n'est plus paresseux, il est carrément placide et attentiste, laissant des acteurs s'enflammer sur ses projections scolaires et lapidaires. S'il n'était pas soigneux pour ces deux parents, Moretti aurait fait un film totalement vain et inerte.
https://zogarok.wordpress.com/2015/03/31/la-chambre-du-fils-moretti/
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleures Palmes d'or, Le Classement Intégral de Zogarok, "Objectivement", je sous-note ces films, Les meilleurs films sur la famille et Les meilleurs films italiens
Créée
le 11 févr. 2015
Critique lue 2.3K fois
7 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur La Chambre du fils
Qu'est ce qui maintien soudés, affranchis, libres les êtres ? Quel est ce fil invisible qui rend une famille belle et unie avec un père épanoui dans son métier de psychanalyste qui écoute et tente de...
Par
le 29 juin 2013
23 j'aime
1
La chambre du fils est un beau film sur le deuil, à la fois poignant et subtil. Le drame survient, comme souvent dans la vie, de façon tout à fait inattendue et brutale. Cela rend la détresse de la...
le 18 juil. 2011
13 j'aime
10
Quatre à table. Le bel équilibre. Le couple parental, incarné par Nanni Moretti et Laura Morante, redoublé par le couple des enfants, un frère et sa sœur, Jasmine Trinca et Giuseppe Sanfelice. Cet...
le 20 juin 2017
9 j'aime
6
Du même critique
En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...
Par
le 13 nov. 2013
51 j'aime
20
C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...
Par
le 11 févr. 2015
48 j'aime
4
L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...
Par
le 8 déc. 2014
31 j'aime
2