Aparté dans la carrière d'Alex de la Iglesia, auteur espagnol connu pour son style excentrique : on lui doit Le Jour de la Bête, Le crime farpait et plus récemment Balada Triste. En 2006 il réalise La Habitación del niño, film d'à peine 80 minutes pour la collection« Películas para no dormir » diffusée à la télévision espagnole. Balaguero a réalisé A louer dans le cadre de ce Masters of Thriller qui n'a pas connu de suites. Adoptant un ton grave et premier degré inhabituel pour lui, De la Iglesia s'empare avec diligence de cette histoire de maison hontée et de possession.


Si ce film reste assez peu connu, il a beaucoup enthousiasmés les quelques fans de pellicules horrifiques l'ayant découvert. Pourtant Alex de la Iglesia réalise un métrage efficace mais foncièrement banal. Il abuse d'effets horrifiques faciles, emploie une BO tonitruante et est un héritier très conforme et minimaliste de Shining. Son tempérament exalté pas toujours bien employé rejailli dans l'écriture et crée un résultat intéressant, balançant tout en soulignant son effort de sérieux. Posture régressive par endroits : au départ s'alignent les dialogues de lourdauds autour de la vie de couple. Sorti de ses intrigues haut perchées où l'outrance est norme, De la Iglesia devient lui-même très ordinaires dans ses vannes comme dans ses analyses lorsqu'il est branché sur des thèmes communs.


Heureusement De la Iglesia finit par laisser de côté ses commentaires sur les hommes, sur les femmes et bien sûr les relations hommes/femmes. Il peut alors se montrer réellement percutant, jouant sur la confusion : assistons-nous à un véritable mythe en action, au triomphe d'une maladie mentale, à la combinaison des deux où on ne sait plus lequel nourrit l'autre ? La dissociation et les doutes du héros sont installés avec habileté, la photo et l'ambiance font vaguement penser aux débuts de Guillermo del Toro (Cronos et Mimic), qui lui sont supérieurs mais n'ont pas son dynamisme.


C'est lorsque la femme est partie (avec l'enfant) que le film est le plus captivant. Juan est entré dans un cycle dont il est le héros malgré lui et lutte contre un ennemi invisible : pire qu'un fantôme, il pourrait être un double, à moins qu'il ne s'agisse d'un retour du refoulé pour le futur papa.. Au-delà de cette tension réussie, De la Iglesia apprend à amuser de façon économique : le collègue Garcia est un antihéros jubilatoire. Un espèce de passager clandestin à la présence d'autant plus efficace que son doubleur français fait la voix du flic de South Park. Cette modeste réussite a pu servir de tour de chauffe à De la Iglesia ; son projet suivant s'inscrit également dans un registre conventionnel et bien codifié, en visant le grand-public : Crimes à Oxford.


https://zogarok.wordpress.com/2018/08/16/la-chambre-du-fils-iglesia/

Créée

le 12 févr. 2015

Critique lue 703 fois

6 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 703 fois

6

D'autres avis sur La Chambre du fils

La Chambre du fils
KingRabbit
6

Un film d'horreur qui fait peur, ça existe ?

C'est quand même ballot, mais connaissez-vous un seul film d'horreur qui fasse peur ? Un truc qui vous effrayerait à un tel point que vous finiriez insomniaque ad vitam eternam ? N'avez-vous jamais...

le 19 mai 2015

9 j'aime

2

La Chambre du fils
Zogarok
6

Critique de La Chambre du fils par Zogarok

Aparté dans la carrière d'Alex de la Iglesia, auteur espagnol connu pour son style excentrique : on lui doit Le Jour de la Bête, Le crime farpait et plus récemment Balada Triste. En 2006 il...

le 12 févr. 2015

6 j'aime

La Chambre du fils
Chep-mirandol
8

Critique de La Chambre du fils par Chep-mirandol

Ah... Alex de la Iglesia... Même quand on s'éloigne de son style personnel ( mélange d'humour noir et de macabre sympathique), on assiste à un grand spectacle. Ici, Alex s'attaque aux films de maison...

le 5 mai 2012

4 j'aime

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

51 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2