Álex de la Iglesia commence à sacrément me plaire, après avoir beaucoup aimé Balada Triste et surtout Le Jour de la Bête, deux films d’horreur jouant habilement du décalage, je me suis attaqué à sa Chambre du fils qui s’inscrit davantage dans un registre plus premier degré, je me demandais comment il allait s’en sortir et je dois dire que c’est encore une réelle réussite, décidément les espagnols sont vraiment doués pour l’épouvante.
Il faut aussi préciser que c’est un téléfilm faisant parti d’un concept appelé Películas para no dormir (Films qui vous tiennent éveillés).
Le pitch est pourtant plutôt simpliste et déjà vu sur le papier, un couple emménage dans une nouvelle maison avec leur nouveau né et vont se retrouver confrontés à des fantômes via un appareil de surveillance pour la chambre de leur fils. Quasiment au même moment sort Paranormal Activity, qui semble au premier abord être son penchant found-footage, cette histoire on a l’impression de déjà la connaitre (quoi que je ne sais plus si il y a un gosse dans celui là, bref), on se dit qu’on va encore se bouffer un de ces schémas conventionnels et que ça va user des clichés et des ressorts horrifiques barbants, que neni. Déjà l’assimilation aux personnages est très bonne car la représentation de cette famille est tout ce qu’il y a de plus normale, De la Iglesia ne cherche pas à leur inventer des enjeux sortis de nulle part, c’est naturel, les réactions face aux phénomènes paranormaux sont crédibles et la narration s’installe tranquillement.
Juan est un journaliste sportif talentueux qui vit le parfait amour avec Sonia, il a tout pour être comblé, mais la folie va progressivement s’emparer de lui lorsqu’il va apercevoir à travers l’écran de surveillance (appelons le BabyCam, je ne me souviens plus du nom du produit) de la chambre voisine un homme sombre assit au côté du lit de son bébé. Après avoir simplement entendu une voix étrange qui pouvait tout aussi bien être une interférence, plus de doute un intrus pénètre illégalement dans leur domicile, le couple installe alors tout un système de sécurité mais cela ne fera qu’amplifier le sentiment d’intrusion psychotique et la paranoïaque, sa femme et son fils quittent le domicile laissant Juan seul. C’est alors qu’il va se rendre compte que le BabyCam est un écran reflétant une dimension alternative, celle où un cruel et terrifiant théâtre sanglant se déroule sous ses yeux tous les jours au même moment.
Je n’en dirais pas plus pour laisser la surprise mais voilà j’ai énormément aimé cette idée de monde parallèle et de porte ésotérique, de plus il y a une vraie progression dans son traitement, entre les tentatives d’explications théoriques et l’apparition plus qu’étrange de cette vieille femme, on est presque dans un puzzle mental lynchien, lorsqu’on croit percer le mystère on nous propose une autre piste, c’est juste carrément scotchant et hautement captivant, en plus d’être réellement angoissant car le climat horrifique est bel et bien là, et sans en faire des caisses s’il vous plait ! Avec un tel projet des américains lambdas l’auraient déjà massacrés en y ajoutant des tas d’effets et jumpscares lourdingues au possible, même si il faut bien avouer que l’ambiance nous fait sursauter quelques fois, mais ça reste raisonnable, rien n’est vraiment gratuit et c’est travaillé donc logiquement ça fonctionne. La dernière partie joue un peu avec nos nerfs et propose un final remarquablement sinistre voir tétanisant, et même si d’un sens on pouvait s’y attendre c’est plutôt intelligent et cohérent.
Franchement j’ai adoré ce film, je n’y croyais pas des masses mais j’ai pourtant bien assisté à 1h20 de pure immersion horrifique, De la Iglesia m’a fourni tout ce que j'attends de ce genre de registre, un degré d’épouvante admirablement bien dosé de bout en bout pour une histoire qui garde également son petit lot de rebondissements, le tout avec une mise en scène maitrisée servie par un casting très correct. Une vraie réussite qui va dorénavant me pousser avec insistance vers les autres longs métrages de ce brillant réalisateur espagnol.