Simple et efficace ! Ne manque plus que de l'envergure.
2011 avait été l’année des duels. Une rivalité entre deux Guerre des Boutons et celle entre Natalie Portman et Mila Kunis (déjà ennemies dans Black Swan) sur les relations amicales platoniques (Sex Friends et Sexe entre amis), notamment. Cette année, c’est sur la capture de la Maison Blanche par des terroristes que le match va se jouer. À ma droite, Antoine Fuqua (Training Day, Le Roi Arthur, Shooter – Tireur d’élite) avec La Chute de la Maison Blanche. À ma gauche, Roland Emmerich (Stargate, Independence Day, Le Jour d’Après, 2012) et son White House Down. Deux films sur le papier équivalents. Qui remportera le duel ? Commençons par le premier !
Mais avant d’assister cette mise à mort (vu le sujets des films, ces termes sont vraiment appropriés), il faut se demander de ce qu’on peut attendre d’un tel long-métrage. Alors attendez ! Maison Blanche… Hmmm… Déjà, il y aura du patriotisme américain à outrance ! La Chute de la Maison Blanche… De méchants terroristes vont commettre l’irréparable en s’attaquant directement au Président, quitte à faire tomber l’édifice en ruines. Attardons nous sur l’affiche ! La Maison Blanche est en feu, ça confirme l’hypothèse précédente ! Un homme sur le premier plan, flingue à la main… Ce héros fier d’être américain (voir le drapeau derrière lui le prouve) va être le seul à pouvoir régler ce problème d’envergure, en utilisant ce qu’il sait faire le mieux : sa force et ses capacités physiques d’un agent de terrain hors pairs ! Voilà, analyse du film faite rien qu’avec le titre et l’affiche ! Avions-nous vu juste ?
Réponse qui se confirme dès le générique de début, qui croule aussitôt sous une musique qui sonne bon le patriotisme de chez l’oncle Sam, avec ces airs d’infanterie (et d’espionnage aussi) qui résonneront jusqu’au baisser de rideau. Et durant 1h50, nous allons assister à un massacre assez violent (où les hommes, même des civils, tombent comme des mouches sous des rafales de tirs à gogo) qui nous livre la destruction du fameux obélisque et de quelques ailes de la fameuse Maison Blanche. Le tout en nous dévoilant les systèmes et procédés de sécurité de la bâtisse (surveillance, bunker, armes téléguidées, agents en nombre…). Sans oublier le fameux drapeau étoilé que l’on voit souvent flotter dans les airs, que ce soit au ralenti ou criblé de balles. Bref, mes amis, nous avons là un blockbuster d’action à 500% américain ! Mais cela, le film l’assume pleinement. Donc au final, tous ces détails passent. Et deviennent même à nos yeux des critères pouvant définir La Chute de la Maison Blanche comme une simili parodie au genre qui use à foison ces clichés.
Donc arrêtons-nous plutôt pour ce qu’est exactement le nouveau-né d’Antoine Fuqua. Réalisateur qui, pour ma part, n’a brillé qu’une seule via un Training Day de très, très envergure niveau qualité. Difficile donc d’attendre grand-chose de ce film d’action si l’on garde en mémoire Shooter (personnellement, je l’avais trouvé d’une banalité affligeante, sans efficacité). Et pourtant, malgré son postulat et le passé du cinéaste, La Chute de la Maison Blanche surprend. D’une part par une énergie que l’on ne lui imaginait même pas (ça bouge du début à la fin, avec son lot de corps-à-corps, de fusillades, d’explosions…). Et de l’autre par l’intérêt de suivre la survie des ces personnages. Que ce soit le héros, typique de ce genre de divertissement, ou bien le héros (qui ne se la joue pas combattant comme pour Air Force One). Le lien qui les unit (même si scénaristiquement parlant, c’est hautement prévisible peu crédible). Et surtout, le film aurait pu suivre le chemin de quelques de ses confrères et sombre dans une comédie lourdingue au fil des minutes. Mais même là, La Chute de la Maison Blanche préfère rester en quelque sorte sérieux et ne placer que quelques répliques drôles pour ne pas casser un rythme synonyme d’adrénaline. Nous nous retrouvons donc avec un long-métrage d’action très efficace. Qui se paye le luxe d’avoir à son casting des acteurs qui s’en sortent agréablement (Gerard Butler, Aaron Eckhart, Morgan Freeman… petite apparition de la superbe Ashley Judd, devenue absente de nos écrans depuis quelques années).
Après, il ne faut pas non plus placer ce film aux côtés de cadors du genre (Volte/Face, Rock, Les Ailes de l’Enfer), où l’action rimait avec spectaculaire. Car avec La Chute de la Maison Blanche, ce qui vous aurez de grandiose, c’est juste la prise de cette dernière. Rien de plus ! Pas même un dénouement qui en vaille vraiment le coup (pouvant offrir un combat entre le héros et le chef des terroristes) ! Il faut dire aussi que le long-métrage ne possède pas un budget faramineux contrairement à ses semblables (« seulement » 70 millions de dollars). Et malheureusement, cela se voit à l’image : les effets numériques sont d’une laideur sans nom ! Dignes d’une série Z où l’on voit deux bestioles s’affronter (Boa Vs. Python, Komodo vs. Cobra et j’en passe !). Mais je n’excuse pas ce détail. Et pour cause, Jurassic Park avait des effets de toutes beauté et ce pour un budget moins important (63 millions) ! Donc, avec des images numérisées calamiteuses, difficile de croire à la crédibilité de cet assaut si le film manque franchement d’envergure visuelle.
Peut-être que White House Down changera la donne, avec son coût (150 millions) et le réalisateur à sa tête (Emmerich, le maître de la dévastation à grande échelle). Nous offrant tout le spectaculaire et les belles images qui manque à cette Chute de la Maison Blanche. Mais la bataille risque d’être dure à gagner, il faut se l’accorder. Tant le film d’Antoine Fuqua montre une efficacité hors pairs, jouant des clichés pro-américains pour rendre l’ensemble un chouïa parodique et donc plus plaisant à regarder. Simple et détonnant. Pas besoin d’en mettre pleine la vue pour réussir. Juste ne pas faire ce qu’on peut louper (les effets numériques, pourtant nécessaires pour certaines séquences).