Bastien Régnier a 20ans et est militant du Front National (devenu entre-temps le Rassemblement National) lors de la campagne présidentielle de 2017. Il aimerait d’avantage s’investir mais peine à faire ses preuves, sans doute est-il trop pressé, d’autant plus qu’au fil des minutes, le film révèle quelques zones d’ombres laissant entrevoir de vieux démons pas très avouables… Qu’à cela ne tienne, cela ne l’empêche pas de vivre au grand jour son dévouement pour l’extrême droite et sa passion pour Marine Lepen (au point d’avoir son portrait placardé au-dessus de son lit).
Après l’excellent documentaire La Sociologue et l'Ourson (2016), Étienne Chaillou & Mathias Théry s’intéressent au parti d’extrême droite en suivant le parcours d’un jeune militant qui, lorsqu’il ne travaille pas au Laser Quest de Beauvais, s’occupe de distribuer des tracts pour le FN sur les marchés et va jusqu’à aller démarcher Florian Philippot, qui entre-temps, aura quitté le FN pour monter son propre parti Les Patriotes et avec lequel, il gèrera le montage de ses vidéos YouTube.
Les réalisateurs continuent de bousculer les codes du documentaire, après les peluches & marionnettes sur fond de décors en carton, ils optent pour un style très original et composé à 99% d’une narration en voix-off entrecoupée de temps à autre par l’intervention du principal protagoniste qui découvre le texte que l’on est en train d’écouter.
La Cravate (2020) est découpé en 4 chapitres ("Début de campagne", "En Costume", "Les Démons", "La Flamme" et d’un épilogue) et vient retracer le parcours atypique de ce jeune homme qui, contre toute attente, va dévoiler un lourd passé de skinhead auquel les réalisateurs ne s’attendaient pas. Le protagoniste se dévoile sans fard et annonce clairement face caméra qu’à l’époque où il était étudiant, un beau matin, en partant de chez lui carabine à la main, il était bien décidé à commettre un massacre dans son lycée (avouant avoir été influencé en voyant aux infos un fait divers relatant une tuerie de masse du même acabit).
Qu’à cela ne tienne, malgré son passé trouble, cela n’empêche pas le jeune homme de faire bonne impression et de nous apparaître sincère (bien qu’un peu flippant par moment, surtout lorsque l’on apprend son lourd passif). C’est aussi en apprenant son passé, que l’on comprend mieux comment de telles personnes finissent par rejoindre l’idéologie de l’extrême droite, avec sa haine de l’autre.
Il en résulte un documentaire à la fois intelligent & très intime, touchant et sincère.
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