Ce film est l'un des tout premiers Méliès, réalisés dès 1896 et rapidement dotés de trucages poussant le cinéma vers sa vocation artistique. Dans la mesure où un résultat lisse est signe d'accomplissement, il est probablement le plus abouti à l'heure de sa projection, concurrençant Escamotage d'une dame.
Il n'a pas la durée du Manoir du Diable (une minute et demi contre trois) ni son ambition apparente, mais son bestiaire de créatures et harceleurs est totalement lisible. En évitant la pyrotechnie et la précipitation vers les effets 'd'avant-garde', Méliès réussi un film 'pré-horrifique' beaucoup plus puissant émotionnellement et attractif esthétiquement. Il interprète l'homme endormi assailli par un ménestrel euphorique, un Pierrot fou furieux et une nymphe malveillante, le tout sous le regard complice et morbide de la Lune.
Celle-ci prend déjà une face humaine, ce qui sera un des gimmicks principaux de l’œuvre massive en train de se construire (plus de cinq cent films), au cœur notamment de La Lune à un mètre (1898) et du Voyage dans la Lune (1902). Cet opus est la principale inspiration du Cauchemar de Méliès réalisé par Pierre Etaix, morceau d'une série-hommage commandée par la télévision française en 1988.
https://zogarok.wordpress.com/