Eros & Thanatoc
Si l’on considère les audaces de Turkish Délices ou Kattie Tippel, Le quatrième homme s’inscrit dans une logique, celle de la surenchère. On retrouve sans peine l’univers de Verhoeven, mélange...
le 17 sept. 2015
19 j'aime
Si l’on considère les audaces de Turkish Délices ou Kattie Tippel, Le quatrième homme s’inscrit dans une logique, celle de la surenchère. On retrouve sans peine l’univers de Verhoeven, mélange thématique de sexe, de mort, de manipulation et ce regard frontal sur le monde des fantasmes. Curieusement, pourtant, Le quatrième homme pourrait faire office de brouillon des deux précédents : s’inscrivant dans une veine plus réaliste, ou historique, ils abordaient avec plus de tacts des sujets similaires.
Le personnage de l’écrivain est ici le prétexte à des allers-retours entre le réel et l’imaginaire, les visions et les cauchemars qui ne sont pas toujours du meilleur effet. La première partie met en place une atmosphère qu’on pourrait qualifier, avec bien des raccourcis, de lynchienne : cette incapacité à trancher entre la psyché malade de celui dont on perçoit le point de vue et l’étrangeté effective du monde qui l’entoure, empruntée à la fois à Dali ou Hopper, crée un malaise assez efficace. En cela, il rejoint le prologue ultra violent de Turkish Délices, plongée dans les pulsions violentes d’un individu en rupture avec le monde. Avant d’en faire un auteur, Verhoeven expose son personnage en tant que lecteur : tout fait sens autour de lui, les pancartes, les enseignes, les banderoles funéraires, et chaque fois, une ambiguïté permet le malentendu. Ce sont là les passages les plus riches, car la volonté de donner corps à toutes les hallucinations (sexe découpé aux ciseaux, énucléations diverses, Christ en croix devenu icône gay…) n’est pas toujours des plus habiles. On pense aux excès de l’Antichrist de Lars Von Trier qui partait du même constat, celui d’une femme mante religieuse, ici sorte de Barbe Bleue dont on constaterait les méfaits par le biais de films amateurs. La structure narrative, sur le mode du polar bisexuel, n’est franchement pas passionnante et le mélange des genres finit par embourber passablement l’ensemble. Subsistent quelques belles fulgurances, comme les bœufs dégorgeant leur sang, emprunts à Bacon, et une ambigüité générale qui intrigue. Mais ce dernier film de la période pré Hollywood manque tout de même de maitrise et de cohérence pour pleinement convaincre.
http://www.senscritique.com/liste/Cycle_Paul_Verhoeven/1018027
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Intégrale Paul Verhoeven, Les meilleurs films de Paul Verhoeven, Écriture et Les meilleurs films néerlandais
Créée
le 17 sept. 2015
Critique lue 1.1K fois
19 j'aime
D'autres avis sur Le Quatrième Homme
Si l’on considère les audaces de Turkish Délices ou Kattie Tippel, Le quatrième homme s’inscrit dans une logique, celle de la surenchère. On retrouve sans peine l’univers de Verhoeven, mélange...
le 17 sept. 2015
19 j'aime
Il s'agit d'un thriller basé sur le thème de la veuve noire comme le suggère le générique du film dès le début. Le scénario est tiré d'un livre de Gérard Reve un écrivain hollandais et reprend des...
Par
le 19 déc. 2015
10 j'aime
2
Dès le générique d’ouverture, on comprend qu’on ne va pas baigner dans la sérénité : une mouche prise dans une toile ; un araignée, qui s’avance lentement et en fait son déjeuner tout en...
Par
le 16 mars 2022
8 j'aime
5
Du même critique
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...
le 6 déc. 2014
774 j'aime
107
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 14 août 2019
715 j'aime
55
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
le 30 mars 2014
618 j'aime
53