Les yeux au ciel
Je ne pensais pas aimer. Parti pour me moquer d'un film bobo romantique calibré pour faire mouiller des hordes de jeunes binoclardes bien trop belles pour moi qui aiment Aragon, Amélie Poulain et...
le 12 févr. 2012
30 j'aime
Si évidemment désagréable pour une partie du public, dont je fais partie, que je ne pouvais qu'avoir de bonnes surprises ou une absence heureuse de 'trop' mauvais moments à passer. Le début est infect, mais à partir de l'accident de la fille la séance devient endurable ; quelquefois gênante et souvent hideuse, mais ce n'est plus si pénible. La fin consterne un peu mais ne fait que remettre les choses à leur petite place : la fugue sentimentale et la mélancolie du veuf précoce affectivement paumé sont non seulement digestes mais largement plus convaincantes, pour moi, que leur terme.
Dans l'ensemble cela reste un défilé repoussant, sucré et typique de cette bourgeoisie camomille, domestiquée et cultivée, proprette et satisfaite, de ce Paris plan-plan rentier de son héritage haussmannien, de ses reliques Nouvelle Vague (les références à l'infidélité et au ménage à trois de chez Truffaut, au Godard de type Masculin féminin, la comédie musicale sur le modèle de Jacques Demy) et de ses manières bohémiennes via lesquelles on peut exulter les attitudes les plus archaïques et mesquines (ou dit carrément : tribales, niaisement matérialistes, inconscient du monde au-delà de son museau) ; mais comme elles sont si hétéro-doudoux ou gay aseptisé, tout ça ne saurait être soupçonnable. On affleure la caricature de ce 'conservatisme hédoniste' inapte à se reconnaître comme tel, de ce 'centre' français et parisien en périphérie réelle mais dont le logiciel paraît si naturel et même encore frais ; cette façon superficielle et planquée de considérer le monde, cet aventurisme à domicile, entretiennent efficacement l'illusion d'une jeunesse, d'une liberté authentique – d'une innocence (donc sûrement pas d'une décadence) !
Toute cette culture triste, fâte et dégoûtante n'a que trop duré et c'est pourquoi l'entrée est difficile ; mais cette fois on ne suffoque pas et, si on peut prendre la chose à la dérision, elle-même par sa légèreté surfaite est complice de notre détachement – ou de notre amitié béate (certainement les amatrices de Louis Garrel et les publics 'sensibles' à ces effusions vont se régaler). C'est peut-être aussi parce que ce héros à faciès de jeune sarkozyste au phrasé savamment confus de dandy prudent des beaux quartiers se prend une claque existentielle que la séance s'encaisse raisonnablement ; et parce qu'il trouve une stabilité douteuse mais moins écœurante que l'issue déçoit sans [m']inciter à assassiner le film. Les chansons sont effectivement d'un certain goût mais toutes ne se valent pas ; elles sont plus crétines avec Sagnier, oscillent entre du Delerm voire Grégoire et du Biolay.
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Créée
le 20 sept. 2020
Critique lue 150 fois
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