"Do you think there's some place where we can meet that's not in silence and not in sound ?"

« Les enfants du silence » est un film à Oscar. C’est-à-dire un grand film, qui propose un sujet fort mais qui reste très classique dans sa façon de développer ce propos. Le thème est ici la surdité, ou comment le handicap influence le destin d’un couple.

James Leeds est un professeur à qui tout réussit. Spécialisé dans l’apprentissage aux enfants sourds, sa vie va être bouleversée par sa rencontre avec Sarah, délicieuse femme de ménage privée de l’audition au comportement bien trempé.

Le film de Randa Haines, plutôt que de ne s’attacher que sur la naissance d’un amour, mise davantage sur le devenir d’un couple où l’un des deux amants est handicapé. Comment la surdité pèse dans les relations, comment surmonter la différence pour en faire un atout. C’est là la grande force du film, proposer une étude du couple durable, une vision de l’après conquête. Les évènements qui jalonnent la vie commune de James et de Sarah ne sont pas surprenants, les temps forts se trouvent finalement assez prévisibles. Mais le fait que les personnages provoquent un certain attachement fait que l’on ne décroche pas de leur histoire.

William Hurt est comme à son habitude charismatique, il insuffle beaucoup de vie et d’émotions dans un personnage complexe, fou amoureux mais parfois dépassé par sa façon de communiquer avec la femme qu’il aime. Marlee Matlin, lauréate de l’Oscar de la meilleure actrice face à Sigourney Weaver en 1986, est également fascinante. La jeune femme compense remarquablement l’absence de dialogues par ses expressions faciales et par la fureur ou bien la douceur de ses gestes.

Il y a un bon équilibre lors des échanges entre les sourds et ceux qui entendent. Le fait que James soit bavard pour compenser les silences de Sarah n’est que rarement gênant, sa façon de traduire les signes sonne naturellement la plupart du temps. Le film offre heureusement quelques jolis (et trop rares) instants silencieux, où le spectateur peut se perdre dans la contemplation de la danse des mains de Sarah.

« Les enfants du silence » est un bon film, mais qui malheureusement n’interpelle à aucun moment. Un manque de prise de risque peut-être, autant dans la mise en scène de Randa Haines que dans la façon dont est peint le destin de ce couple atypique.
mewnaru
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le 1 mars 2015

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