Après plusieurs romans non publiés, Guiraudie se lance dans le cinéma. Il fabrique le court-métrage Les héros sont immortels à 26 ans, une décennie avant d'attirer l'attention via Du soleil pour les gueux (2001). Il alignera ensuite plusieurs longs-métrages, notamment L'inconnu du Lac. Ses films se situent toujours dans le sud-ouest, mettent en avant la classe ouvrière et surtout des individus homosexuels embarqués dans des aventures picaresques.
Dans Les Héros, deux types se rejoignent plusieurs nuits d'affilées en attendant une tierce personne qui ne viendra jamais. Ils déblatèrent assis devant la porte de l'église d'un village aveyronnais, évoquent le journal qu'ils tiennent avec d'autres amis ('La coquille') dont une Marie assommante. Leurs phrasés sont mi-exaltés mi-récités, ils débitent rapidement et pondent quelques punchline participant à une dérision abondante et nombriliste (« à part nous tu sais cette histoire elle intéresse pas grand monde »).
Le 'délire' s'adresse peut-être à des initiés mais la générosité de son écriture ouvre quelques horizons. Guiraudie donne dans l'amateurisme militant post-nouvelle vague, créatif et absurde, vif en vain et volontiers vulgaire. À la fin Basil et Igor donnent les noms de toute l'équipe, vocalement, alors qu'il y aura bien un générique conventionnel imprimé à l'écran. Voir ces Héros revient à écouter un tandem de Maité mâles et spirituelles, genre asperges nonchalantes de 25 ans. Pas aberrant, quoiqu'un peu léger si on est pas curieux ou charmé par Guiraudie et ses héros lunaires ou patibulaires.
https://zogarok.wordpress.com/2016/03/03/rafale-de-courts-n11/