Made in Hong Kong
7.4
Made in Hong Kong

Film de Fruit Chan (1997)

Fruit Chan, cinéaste indépendant réalise avec des bouts de ficelle ce Made in Hong-Kong. Il met en scène avec cette oeuvre son premier film d’auteur qui retrace les pérégrinations d’une jeunesse délinquante désoeuvrée. Un regard noir dans un contexte particulier, année de rétrocession de Hong-Kong à la Chine.


On l’aura compris, Fruit Chan est des plus évocateur en ce qui concerne le titre qu’il donne au film. Il nous montre ses personnages comme des purs produits d’une ville qui s’apparente plus à une jungle qu’à autre chose. Dans Made in Hong-Kong, la ville a son importance et jouit également d’une interprétation à l’état brut. Actrice à part entière et omniprésente, elle est montrée telle quelle, ville de rencontre, de rues étroites et grouillantes de monde, vétuste, immeuble délabré, claustrophobe, environnement urbain où les faibles meurent parmi ceux qui tentent de survivre.


Dans Made in Hong-Kong, il est aussi surtout question d’une jeunesses insouciante caractérisée par cette identité HK qui retourne à la mère patrie (Chine). On y sent flotter un pessimiste latent, un enfermement qui les étouffe. Le terrain de jeu de nos protagonistes est une prison à ciel ouvert, la fatalité y plane et il leur est impossible d’en sortir. Ils sont stoppés par une violence quotidienne où l’autorité parentale comme gouvernementale est aux abonnés absents.


Fruit Chan nous expose des personnages sans but, livrés à eux-mêmes pourtant l’espace d’un évènement, celui du suicide d’une jeune étudiante qui laisse une lettre derrière elle, ces jeunes adultes qui ont grandi trop vite retrouvent un leitmotiv, une échappatoire à leur routine. Le personnage Mi-Août est hanté par cette mort et tente d’en percer le mystère. Malheureusement, la fatalité n’est jamais bien loin et Mi-Août l’apprendra à ses dépens.


Made in Hong-Kong de Fruit Chan est une oeuvre extrêmement pessimiste et intelligente, une oeuvre qui dégage une émotion sans que son auteur ne se perde dans l’exagération. C’est aussi cela qui fait la force de cette œuvre, celle de ne pas tomber dans le stéréotype, celle de montrer les choses de façon naturelle, et surtout celle d’être profondément humaine. La tragédie qui se joue est loin d’en être une, Fruit Chan montre avec talent un sérieux et une légèreté dans sa narration qui émoit tout naturellement.


Made in Hong-Kong de Fruit Chan est une œuvre belle sur des destinés sombres, une œuvre incontournable.


http://made-in-asie.blogspot.fr/2009/05/made-in-hong-kong-fruit-chan-film-hk.html

IllitchD
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 29 janv. 2013

Critique lue 931 fois

15 j'aime

IllitchD

Écrit par

Critique lue 931 fois

15

D'autres avis sur Made in Hong Kong

Made in Hong Kong
Theloma
8

Hong Kong 1997

En 1995, le réalisateur Fruit Chan se met en tête de réaliser un film qui évoquerait le Hong Kong d’avant la rétrocession à la Chine. Ce sera Made in Hong Kong, un film à part réalisé avec un budget...

le 20 janv. 2021

13 j'aime

2

Made in Hong Kong
Raoh
8

Hong Kong plus vrai que jamais.

Made in Hong Kong est un film sans prétention nous menant dans les bas fonds de Hong Kong aux coté de Mi-Aout, un jeune paumé bossant pour la pègre. Vivant seul avec sa mère, il passe son temps à...

Par

le 1 mai 2011

11 j'aime

Made in Hong Kong
VilCoyote
7

Appellation d'Origine Incontrôlée

Fruit Chan (oui, le réal s'appelle Fruit) nous livre un vrai film fauché freestyle bouts de ficelle, ce qui lui donne à la fois son charme et sa limite. Au menu du bordel ambiant on trouve : un...

le 6 avr. 2017

9 j'aime

Du même critique

L'Enfer des armes
IllitchD
8

Director’s cut

Disparu. L’Enfer des armes de Tsui Hark est une œuvre mythique à elle toute seule. Troisième et dernier film de Tsui Hark de sa période dite « en colère », l’original est interdit par le comité de...

le 31 janv. 2013

32 j'aime

2

The Murderer
IllitchD
6

Critique de The Murderer par IllitchD

The Murderer commence dans le Yanji, ce début de film est d’un aspect quasi documentaire, Na Hong-jin nous montre une région aux immeubles vétustes et sinistres. Il y a une misère palpable qui...

le 11 févr. 2013

31 j'aime

2

A Bittersweet Life
IllitchD
5

Critique de A Bittersweet Life par IllitchD

Kim Jee-woon réalise une pépite de style. La réalisation a du style comme son personnage principal (Lee Byung-hun). Tout y est stylé, les plans, les costumes taillés, la belle gueule du héro...

le 28 mai 2013

31 j'aime