Lapisse
Quand il y repense, Harry a eu une enfance de merde. Môme, c'était déjà le mec qui se faisait remarquer pour de mauvaises raisons et ce, bien avant d'être ce type qui gomme tout les problèmes, tout...
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le 1 mars 2014
36 j'aime
3
Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "je suis curieux de voir ce film."
Scénario :
Dirty Harry a beaucoup de boulot en ce moment. Non seulement il y a des malfrats, des preneurs d'otages et des tueurs de putes à chaque coin de rue, mais en plus un mec s'amuse à tuer des malfrats avant qu'on sache si c'est vraiment des malfrats. Heureusement qu'il peut se détendre en taquinant l'abricot de sa voisine du dessous.
"Magnum Force" est un bon sujet pour analyser ce qu'est un film "de vigilante movie à tendance fasciste" ainsi qu'un "polar américain des années 70."
L'idée du "vigilante movie" est de dire que "le système" (justicier américain, sous entendu) est mauvais et permet aux malfrats de s'en tirer et que rien ne vaut la bonne vieille justice expéditive à coup de balle dans la tête sans autre forme de procès. Dans la saga des Dirty Harry, on reste encore dans le cadre de la police, avec Harry Callahan, un flic aux méthodes expéditives, mais le genre ira un cran plus loin en 1974 avec "Un justicier dans la ville" où le citoyen est appelé à coller lui-même des pruneaux dans la tête des méchants.
Du coup, pour que ça fonctionne, il faut montrer que le monde va maaaal que les malfrats sont partout, que la violence augmente et qu'on est plus en sécurité nulle part. Dans ce film, le quota est respecté : prises d'otage d'avion, braquages de superette (à répétition), proxénète tuant sa gagneuse en toute impunité dans un taxi, mafieux n'hésitant pas à tirer à vue sur les policiers, etc... Il faut aussi démontrer que "le système" permet ça : les lois sont trop permissives, les commissariats sont ralenti par la paperasse et la justice est trop laxiste car les criminels arrivent à être libéré pour de simples vices de formes (l'équivalent américain des gens hurlant "Taubira démission" à chaque fait divers.)
Pour le coup, le précédant film, "Dirty Harry" faisait quand même assez fort avec Callahan au prise avec un méchant super-méchant, un tueur en série, qui demandait des rançons en public pour ne pas tuer les gens (et puis les tuait quand même) et qui réussissait à s'en sortir parce qu'Harry lui avait pété la gueule en le neutralisant, et ça, c'est pas bien. Et il finissait par passer pour une victime alors qu'on avait la preuve qu'il avait tué et violé en masse. (Genre, c'était possible.)
La critique de cinéma, Pauline Kael avait trouvé que le film avait des relents fasciste et l'avait descendu dans la presse. Mais le film ayant bien marché, il fallait tout de même une suite. Une méthode aurait été que la suite mette "de l'eau dans son vin" mais c'était pas du genre du très républicain Clint Eastwood et des deux scénaristes Michael Cimino et John Milnius (lui-même se qualifiant de "fasciste light") et l'idée fut plutôt de montrer ce que sont de "véritables fascistes." Milnius s'inspire des escadrons de la mort et l'intrigue s'articule autour de ces mystérieux méchants qui tuent de manière expéditives des malfrats.
Moi, personnellement, ça ne me convainc pas, étant donné qu'au final :
**Cette "5eme colonne" composée de policiers (et du supérieur d'Harry) ne se différencient de lui que parce qu'elle n'hésite pas à exécuter des innocents au passage, à tuer immédiatement ou à se débarrasser de policiers qui pourrait entraver leur progression. La critique n'est donc pas sur le fond, mais sur la forme, la morale de l'histoire étant que l'homme sage "doit trouver ses limites." En gros, le message est : "vous avez raison d'agir comme ça, mais vous êtes allé trop loin." **
Le constat le plus amer, c'est de se dire qu'au final, si le Vigilante Movie n'existe plus trop, son esprit à gagné puisque les policiers d'aujourd'hui disposent d'une juridiction bien supérieure aux droits des citoyens ainsi que de moyens accrus. Ici, on voit quand même un lieutenant demander à Harry et à deux policiers d'arrêter un groupe de mafieux et ils ont tout juste un révolver chacun et un casque de motocyclette. Aujourd'hui, ça serait une équipe de style du SWAT avec plusieurs véhicules, des gilets pare-balles et tout le tintouin.
Le film fait quand même très 70 dans les costumes, la coiffure, mais aussi la manière de filmer. Le rythme est un peu moins frénétique que les films actuels même s'il est assez souvent ponctué par des scènes d'actions. Le fait qu'on soit dans un monde où les agressions se multiplient sans arrêt aide quand même pas mal... y compris si ça permet de caser une scène de prise d'otage en avion complètement hors sujet avec le reste du film mais permettant de montrer à quel point notre héros est BAD-ASS.
Côté acteur, nous avons la première apparition de David Soul (le Hutch de "starky & Hutch") dans le rôle d'une jeune recrue de la police.
Même si je n'adhère pas du tout à la philosophie de ce film, il faut dire qu'il n'est pas désagréable à regarder. La direction de Ted Post est plutôt bonne et il y a même des plans assez inventifs avec des plongées et des contre-plongées. Certes, ça peut paraître un peu longuet notamment quand on le compare aux films d'actions modernes, au rythme plus soutenu mais ça reste quand même divertissant.
Clint Eastwood est impeccable en Harry Callahan. Le gars n'est pas un grand bavard mais il ouvre souvent la bouche pour sortir une réplique culte. Il y a le charme de la badasserie toute républicaine du flic capable de tenir un magnum à une main, plus intelligent que la moyenne des ours, qui boit de la bière sans être bourré et reçoit des propositions de coucheries quasiment cash de la part de toutes les femmes le croisant dans le film.
Sans parler de la musique de Lalo Schifrin ! Et ça, ça fait beaucoup pour le charme.
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Créée
le 2 déc. 2015
Critique lue 428 fois
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