Je ne pensais jamais voir ce film.
Et je l’ai regardé. Pour de mauvaises raisons.
Je ne voulais pas le voir parce que je ne m’intéresse plus à Superman depuis longtemps. Après avoir été émerveillé gamin par les films de Richard Donner avec Christopher Reeve, j’ai fini par m’intéresser à Batman. Oui, je sais, rien de bien original. Pas besoin de nous lancer dans ce débat, chacun connaît ses arguments par cœur (un petit rappel si besoin). Ayant à l’époque encore un peu foi en Bryan Singer, j’ai tout de même regardé Superman Returns. Je crois que notre relation avec Bryan s’est terminée là. Echaudé par ce dernier et par les retours très négatifs sur la version de Snyder, j’avais enterré toute idée de voir Man of steel.
Sauf qu’est arrivé Batman Vs Superman. Et même si j’ai compris dès les premières bandes annonces que ce film m’énerverait, je ne pouvais pas me mentir non plus. Je ne résisterai pas longtemps à un film avec Batman. Sachant les deux films liés, j’ai décidé de regarder Man of steel. Si je suis capable de supporter Thor ou Ant-man pour suivre le Marvelverse, je peux supporter un Superman.
Pourquoi vous raconter tout ça ? Pour que vous compreniez mon état d’esprit avant de regarder le film. A savoir, une obligation auto-infligée. La pire de toutes.
Mais pour vous récompenser de votre patience, je ne vais pas attendre la fin de ma démonstration pour vous dire ce que j’en pense.
Mon avis :
Rien.
Je n’ai ni aimé, ni détesté ce film. J’y suis complètement indifférent.
Je m’attendais à être profondément agacé. Je ne l’ai pas plus été qu’avec un Marvel moyen.
J’avais le secret espoir d’y trouver un intérêt. Je me suis ennuyé.
Et je dois avouer que cela m’a rendu très perplexe. Parce qu’une question me taraude depuis que j’ai vu ce film : pourquoi Man of steel m’indiffère autant ?
Au début du film, j’étais plus concentré sur ma tablette et l’appli SC qui faisait des siennes (pour dire que je regardais le film) que sur Man of steel.
Il faut dire que le film a très mal commencé avec sa longue introduction à la Avatar (que je n’aime pas, donc c’est un mauvais point). Puis, cette débauche de fond vert se heurte violement à une volonté de séquences plus intimistes, dramatisées par un filtre gris dramatique. J’ai plutôt apprécié les aventures redneck de Clark Kent, couplé avec des flashback pas trop mal sentis, avant de tomber dans la parodie de Twister. Ou du Magicien d’Oz, vu qu’on est dans le Kansas.
Henry Cavill n’est pas non plus un mauvais choix. Même si pour moi, n’importe quelle courge sous hormone peut interpréter un personnage avec aussi peu d’intérêt que Superman… Pardon, je m’égare.
Le plus terrible dans un film, c’est quand on décroche (une similitude que le cinéma partage avec l’escalade). Quand j’ai vu Zod, j’ai tout de suite pensé à Manuel Valls. Et, quand tu imagines le chef des armées de Krypton essayait de défendre la loi travail, le capital badass est fortement entamé.
Dans ce film avec un surhomme, des vaisseaux spatiaux et des terraformations, l’invraisemblance la plus choquante reste pour moi le reportage de Lois Lane lors de l’expédition polaire. Prendre une photo de nuit, sans pied et dans un froid extrême, tout en arrivant à zoomer sur un détail à 500 mètres ? Si ce n’est pas de l’iso de Krypton ça…
Je passerai sur les agacements provoqués les références christiques (Pauvre Guyness), le patriotisme (lire les arguments de Strangelove) d’autant plus navrant que Super a renoncé à sa citoyenneté en 2011, et les défauts habituels d’un blockbuster (voir les excellentes arcanes de Sergent Pepper).
L’action véritable n’arrive qu’au bout d’1h30, comme si Snyder n’assumait pas d’être un peu contemplatif, et la fin du film est une accumulation de raccourcis malheureux.
Des combats dantesques où Superman se contrefout s’il fait des victimes dans les bâtiments détruits alors que les champs ne manquent pas au Kansas. Le baiser avec Lois Lane alors que la tension sexuelle est aussi inexistante que le slip rouge de Super. Et surtout la mise à mort de Zod, car même si le postulat de l’impossibilité du meurtre constitue la marque de Batman, Superman y a très rarement recours (sinon, cela donne Gods among us).
Ma conclusion :
Man of steel est le tofu du film de super-héros.
Pas mauvais, ni bon, juste sans saveur.
PS : je reconnais, je suis injuste. Le vrai tofu, bien frais, c’est excellent.