Harcèle-moi si tu veux
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Après quelques réticences je me suis enfin décidé à mater Perfect Blue, thriller psychologique de 1997, l'un des premiers film animé japonais à avoir été critiqué en bien par Télérama, lors de sa sortie au cinéma en France. Il faut dire que malgré une promesse de film psychologique, l'idée de voir une Idol japonaise poursuivie par un serial killer ne m'émoustillait pas vraiment et je me doutais vaguement qu'à la fin on apprendrait que l'héroïne est en réalité le tueur.
Et je ne fut pas déçu, c'est effectivement très bien et bien au dessus de mes attentes. On sent que vers la fin des années 1990/début 2000 avec des auteurs comme David Lynch, Brett Easton Ellys, Ryutaro Nakamura (Serial Experiment Lain) ou Hideaki Anno, les auteurs se donnaient envie de faire dans le psychologique et d'effacer volontaire les traces pour le spectateur/lecteur, en amenant un narrateur peu fiable, souvent en proie aux illusions ou confondant les médias.
Ici, Satoshi Kon s'amuse sans arrêt à déjouer nos attentes, estimant que le spectateur est un gros malin qui va se dire "ok, c'est l'héroïne la tueuse" va s'amuser à multiplier les indices de cette folie quitte à complètement nous paumer, multipliant les mises en abimes, des effets de montages, des doubles sens et abusant volontairement des "en fait, c'était un tournage" et des "en fait, c'était un rêve" de sorte à nous perdre sans arrêt. Sans cela, la trame du film est plutôt simple, mais Kon s'amuse volontairement à briser certains codes, pour offrir une vraiment bonne copie. Et certains plans sont vraiment vertigineux et utilisent les possibilités offertes par le médium animé.
Un moment de "cassage des codes du genre" que j'ai bien apprécié reste dans la confrontation finale entre Mima et Rumi, déguisée en Mima-idol. Dans n'importe quel film, on aurait vu Rumi en costume poursuivant Mima, et parfois, lorsque celle-ci passe devant un miroir, le visage de Mima-idol (pour souligner le fait que celle-ci se prend pour son idole.) Ici, c'est l'inverse : Mima affronte son double en costume d'Idol et ça n'est que lorsque celle-ci passe devant un miroir qu'on voit qu'il s'agit de Rumi avec une perruque et un affreux costume dans lequel elle est trop grosse. Ça augmente le côté dérangeant du truc et c'est bien vu sans que le spectateur s'y perde.
Le film offre aussi une vision assez pertinente sur l'internet naissant, qui se révèle encore vivace maintenant. Si la starification était un sujet déjà présent dans de nombreux films, la fausse proximité d'une "star" avec son public (via les sites internet et les mails) y est abordé, ainsi que les trolls et les commentaires désobligeants (via les fans désabusés lisant le journal) qui sont DÉJÀ là !
Bref, je conseille évidemment ce film, malgré le résumé peu engageant et la promesse de "cul et gore" que le film se trainait (qui est totalement anecdotique....)
Créée
le 9 juil. 2015
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