Délire ou réalité ? Si le film n'arrive même pas à trancher...
S’il y a un genre auquel nous devons rattacher le found footage, c’est bien à celui de l’horreur. Avec notamment Le projet Blair Witch, [REC] et Paranormal Activity. Et pourtant, certains réalisateurs/producteurs ont voulu tester cette manière de filmer pour d’autres types de divertissements. Comme le film de Kaiju (Cloverfield) ou celui de super-héros (Chronicle). Ici, Nima Nourizadeh et Todd Phillips (le réalisateur de la trilogie Very Bad Trip qui officie sur ce film en tant que producteur) s’attaque à la comédie ! Le found footage : véritable effet de style ou simple mode qui ne va pas à tous les genres ?
Dans cette critique de Projet X, nous n’allons pas parler du buzz engendré par la bande-annonce (quoique son succès est exclusivement dû grâce aux extraits diffusés sur le Net). Ni des conséquences que le long-métrage a entraîné dans son sillage (des gens tentant de reproduire ce qui s’y déroulait). Nous ne parlerons que de ce qu’est en vérité Projet X, au lieu du titre de phénomène de foire qu’il porte depuis sa sortie. Car, honnêtement, ce film de Nima Nourizadeh ne mérite aucunement l’engouement éprouvé à son égard !
Attention, je conçois grandement que Projet X est un délire, qu’il faut prendre au dixième degré ! En même temps, avec le réalisateur de Very Bad Trip à la production, il fallait s’en douter ! Surtout qu’avec un tel synopsis (pour un anniversaire, des jeunes organisent une fête monstrueuse chez l’un d’eux, dont ils vont perdre le contrôle), il était impensable que les scénaristes se contenteraient de ce simple postulat. Ils se permettent donc des fantaisies aussi inattendues que déjantées : un dealer fou de rage à qui l’on a piqué son nain de jardin et qui revient se venger au lance-flamme, la belle voiture de papa envoyée dans la piscine, un nain qui humilie les mecs en les cognant dans les parties… Rien qu’à voir le dénouement, on sait que le film ne se prend nullement au sérieux (Papa quasi fier de son fils, qui pourtant lui laisse une maison sur le point de s’écrouler). Il y avait tout dans ce film pour passer un agréable moment. Farfelu et impossible, certes, mais divertissant sur le papier. Alors pourquoi l’avoir réalisé en found footage ?!
Si vous ne savez toujours pas ce qu’est ce style de mise en scène, c’est le fait de tourner le film comme un amateur. Plus clairement, comme si l’un des personnages avait tout filmé avec sa propre caméra numérique. Faisant croire que ce qui se voit à l’écran s’est réellement passé. Donnant ainsi au produit une énorme crédibilité. Ce fut le cas pour les films cités plus hauts. Pour Projet X, en revanche, cela se présente comme une incompréhensible tentative ! En somme, ce film veut faire passer tout son délire démesuré pour la réalité. Comme si vous vouliez faire un film d’horreur pour enfants : un mariage de genres incompatibles ! Et c’est de cette façon dont se présente Projet X…
Du coup, le film balance maladroitement entre les deux genres. D’un côté la comédie burlesque qui voit gros dans ses séquences hors normes qui, à cause du réalisme engendré par le found footage, perdent énormément en drôlerie (cela devient plus du « mais c’est n’importe quoi ! C’est quoi ce film ?) et donc en intérêt (en bref, il est dur de comprendre ce pour quoi Projet X existe). Et de l’autre, nous avons un film qui se veut crédible mais qui use des codes du found footage de la plus mauvaise des manières !
Peut-être que le film voulait parodier ce genre. Mais dans ce cas, il fallait se montrer beaucoup plus explicite que cela ! Car si le found footage est de donner de la crédibilité, pour Projet X, c’est loupé ! Le film se permet quelques ralentis, un montage maîtrisé, des changements de supports (caméra, téléphone portable, télévision…), présence d’un montage sonore (on entend les personnages aisément alors qu’ils sont loin de la voiture dans laquelle se trouve la caméra)… Bref, aucun des défauts techniques volontaires qui donnent le charme au found footage n’a été utilisé brillamment, ôtant ainsi au film toute crédibilité. Surtout au niveau de celui qui tient la caméra. Normalement, tout est fait pour qu’il soit un personnage à part entière. Ici, ils ont trouvé l’excuse bidon d’un ami gothique qui ne parle jamais comme prétexte à ce que la caméra suive les protagonistes. Un « caméraman amateur » inexistant qui renforce le côté « film maîtrisé ». Et quand des acteurs tentent d’ignorer la caméra, cela en devient encore plus pathétique !
La réponse est donc toute trouvée : le found footage ne peut s’associer à tous les genres cinématographiques ! La comédie, en tout cas ! Qui a pour seul représentant Projet X, un film contradictoire de bout en bout. N’ayant tout simplement aucun intérêt, se montrant comme une énorme perte de temps. Autant regarder Paranormal Activity, c’est pour dire !