Un bond vers la modernité
Les chats sont à l'honneur aux origines du cinéma (sauf chez Méliès, qui préfère ses lunes sinistres). Il y en a même un dans La Loupe de grand-mère (George A.Smith - 1900), le premier film...
Par
le 19 sept. 2016
1 j'aime
Les chats sont à l'honneur aux origines du cinéma (sauf chez Méliès, qui préfère ses lunes sinistres). Il y en a même un dans La Loupe de grand-mère (George A.Smith - 1900), le premier film manipulant en plusieurs prises la vue subjective. Les chiens sont extrêmement rares, bien qu'ils aient été des sujets pour Muybridge (La chienne Maggy en 1887), première figure notable du pré-cinéma, documentariste à l'ère de la chronophotographie. En 1905, le héros de Rescued by Rover terrasse toute la gent féline en étant responsable du plus grand succès populaire des débuts du cinéma britannique, devant Alice in Wonderland (première adaptation du conte de Caroll, 1903, par Hepworth).
Le border collie (ou jeune colley?) Rover y retrouve le bébé de sa famille vernie, kidnappé par une mendiante. Apprenant la nouvelle, il file chez la mendiante, revient au domicile puis amène le père dans ce triste logis sous les toits. Le film rompt avec la représentation de type théâtrale qui demeurera dominante encore quelques années au cinéma (L'assassinat du duc de Guise s'y inscrit absolument en 1908). Les six minutes et demi sont très 'découpées', c'est-à-dire partagée en de nombreux plans. Les seuls s'étendant au-delà de dix secondes concernent des actions fortes et renversant la donne (la capture du bébé, l'alerte au père) ou les moments de course pour retrouver l'enfant. Ces séquences sont soutenues par l'exploitation des diagonales de champ, là encore en contradiction avec la norme puisque les prises de vue sont généralement frontales (et 'plates', sans travail sur la profondeur de champ même hors du fond en carton). Le film utilise abondamment l'ellipse avec succès, obtenant un résultat fluide. Il marque ainsi l'apogée des 'chase films' (films de poursuite), catégorie primitive du cinéma d'action. Enfin, comme Le Locataire diabolique de Méliès (1909), c'est un film 'de famille' tourné en famille : Margaret Hepworth, femme du producteur (Cecil Hepworth – réalisateur de How It Feels to Be Run Over), est la scénariste et la mère à l'écran.
Les auteurs furent débordés par le succès. En France, Pathé et Méliès exposent ou vendent en masse ; en Angleterre au contraire les copies diffusées sont encore rares. 400 exemplaires sont rapidement commandés et deux versions alternatives sont réalisées pour couvrir la demande. Rescued by Rover eu également un retentissement considérable à l'international. Griffith le cite comme une référence, qu'il a manifestement eu à l'esprit pour Les Aventures de Dollie (1908, avec le même schéma mais pas de chien), court de 12 minutes marquant le décollage de son œuvre (quelques années avant Naissance d'une Nation et Intolérance). Il aura une influence plus directe sur les productions anglaises et son réalisateur Lewin Fitzhamon se spécialisera dans les films impliquant des animaux, comme Dumb Sagacity (1907) et Dog outwits the kidnappers (1908). Comme Robert William Paul (The Countryman and the Cinematograph) avec qui il a travaillé, Fitzhamon (responsable du premier film connu dans le monde du football - Harry the footballer, 1911) aura été un contributeur fondamental des débuts du cinéma britannique tout en restant en marge de l'école de Brighton, bien que tous deux y soient parfois associés (le courant dominant de ces architectes se confondant alors avec l'ensemble). Hepworth est dans le même cas, quoiqu'il y ait plusieurs fois participé en tant que producteur.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films où le personnage principal est un chien, Le Classement Intégral appliqué aux Courts (Zogarok) et Les meilleurs films des années 1900
Créée
le 19 sept. 2016
Critique lue 696 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Sauvé par Rover
Les chats sont à l'honneur aux origines du cinéma (sauf chez Méliès, qui préfère ses lunes sinistres). Il y en a même un dans La Loupe de grand-mère (George A.Smith - 1900), le premier film...
Par
le 19 sept. 2016
1 j'aime
Du même critique
En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...
Par
le 13 nov. 2013
51 j'aime
20
C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...
Par
le 11 févr. 2015
48 j'aime
4
L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...
Par
le 8 déc. 2014
31 j'aime
2