Z-Day.
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S’il est un genre qui se prête peu à l’analyse, c’est bien le comique : après tout, se laisser aller au rire est souvent le signe d’un abandon, d’un relâchement que le décryptage pourrait au mieux désactiver, au pire gâcher.
De ce point de vue, rions simplement face à Shaun of the Dead : du portrait de ces beautiful losers, dont le pub est l’unique attraction, et qui semblent des zombies avant même que l’invasion ne soit effective. Rions de ces trognes imparables, de cet accent gouleyant, de cette connerie élevée au rang de discipline olympique et de cette joyeuse parodie qui dit enfin de façon explicite ce qu’est un film de zombie : une vaste farce, avec des vrais morceaux d’organes dedans.
Mais le naturel revient au galop, on ne se refait pas : à force de scruter les séquences, de déterminer ce qui fait la qualité ou la médiocrité d’un film, on ne peut s’empêcher de se poser la question : pourquoi autant de plaisir ? Face à tant de bassesse, justement ?
Parce que nous avons là un réalisateur, Edgar Wright, qui inaugure sa fameuse trilogie Cornetto avec une ambition malheureusement peu partagée par ses pairs : mettre toutes les ressources cinématographiques au profit du comique.
Les exemples étant légions, contentons-nous des premières séquences : le jeu sur le cadrage dans le premier échange est un véritable travail d’orfèvre : alors que le bâillement hagard de Simon Pegg nous laisse supposer qu’il est seul, un contre champ nous révèle qu’il est face à sa petite amie, qui lui parle, puis qu’ils ont en présence de trois autres personnes dont chaque découverte fonctionne comme une chute. Rien que pour cette scène, ce film est une réussite.
Le thème des zombies est lui aussi l’occasion d’une satire réjouissante : la séquence du générique nous montre ainsi le quotidien d’une petite ville anglaise dans laquelle les citoyens sont déjà tous lobotomisés, des caissières aux files d’attente pour le bus.
Enfin la parodie elle-même est maline : plutôt que de se moquer des recettes en les reproduisant, elle joue dans toute la première partie du film avec les attentes éculées du spectateur, faisant défiler les anti-héros parmi un carnage dont ils s’obstinent à nier la réalité : le zapping sur les chaines de télé, la relégation au second plan du carnage sont autant d’éléments qui font fonctionner la comédie à plein régime.
On se prend à bénir les losers et les mauvais films : s’ils peuvent générer des parodies aussi jubilatoires, on veut bien se les farcir le reste du temps.
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le 8 déc. 2016
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