Je suis un peu fatigué, pour tout dire. Il est temps que ça se termine. Même les enfants commencent à râler, l’ainé a les yeux qui piquent devant toute cette lave et le petit dernier dit qu’il a mal à la tête puis pleure devant le corps carbonisé d’Anakin, leur mère m’engueule, c’est vrai quoi, c’est trop pour eux, pour tout le monde en fait.

Lucas est presque en haut de l’escalier, et doit gravir encore quelques marches, qu’il confond encore avec la surenchère. Plus de tout, donc.
Une intro d’action de 23 minutes : combat galactique, de la 3D sans lunettes, ça part dans tous les sens, avec un combo vaisseaux + droïdes + sabres lasers + combats singuliers + ascenseurs fous + humour avec D2 + crash maitrisé sur Coruscant.
En guise de chantilly, un humour testostéroné pour savoir qui a la plus longue entre le disciple et le maitre.

Puis vient donc le temps du basculement du côté obscur de la Force.
Une petite remarque préliminaire : il est impressionnant de voir à quel point Lucas a été castré par la fin annoncée de sa trilogie. Son bad guy en devenir, c’est Anakin, et les méchants qui émaillent ses épisodes sont tous d’une insignifiance rare. L’homme à capuche en hologramme n’est qu’une resucée des épisodes IV à VI, et fait défiler à sa solde une galerie au charisme proche d’une boîte de thon au naturel.
Vide.
Maul le mutique, Dooku qui fait coucou et puis s’en va, et sommet improbable, un robot qui tousse, oui messieurs dames, et dont l’unique intérêt scénaristique est d’offrir un nouveau cran dans le combat au sabre laser.
Après le double sabre,
après le combat à trois,
après deux sabres pour un seul jedi et une décapitation en bonne et due forme,
nous aurons donc QUATRE bras et autant de sabres pour un assaillant.

Pour l’épisode VII, ils vont avoir du boulot. Je propose le sabre majorette, l’éventail en sabres ou l’hélico avec pales sabres.

L’épisode se veut plus sombre, et triste. Il l’est en effet. Davantage pathétique que tragique, cela dit. Voir naitre ce qui fera l’obscur charisme de toute la trilogie originelle sur des séquences aussi laides et insipides tire la larmichette d’une génération entière, il n’y a pas à dire. Maquillage, mise en scène, dialogues, rien ne fonctionne dans ces scènes pourtant matricielles.

Le reste du récit tente de raccrocher les wagons. On avait R2, puis C3PO, Boba Fett, voici donc, logique, Chewbacca et sa planète. Sans commentaires.

Le final se devait d’être ENNHAURME, et bon sang, il l’est. Chœurs, double combat, lave et sénat qui vole, fusion, lévitation, amputation. (Lucas semble avoir deux soucis d’ordre analytique : sa maman, et les membres extérieurs. Le nombre d’amputations infligé aux Skywalker est assez inquiétant. Consulter sur la question me semble vivement recommandé.)
Ironie tragique, le spectateur sait que ces combats sont sans issue et que les quatre protagonistes doivent survivre. De là à dire qu’on s’emmerde, il n’y a qu’un pas.

Sinon, les enfants adorent les transitions powerpoint entre les séquences. Ils s’amusent à les répertorier, et faut reconnaitre que pour le III, Lucas se surpasse. On se croirait dans un exposé de cinquième sur la photosynthèse.

Et enfin, le premier plan extérieur de la base finale où va accoucher Padmé (reconnaissons un joli parallèle entre la naissance des jumeaux et celle de leur père dans un montage alterné qui fait légèrement frétiller l’adepte de la suite d’il y a très longtemps dans une lointaine galaxie) est une citation de 2001. Ça m’a frappé.
Je ne sais pas si ça m’a plu, mais ça m’a frappé.

http://www.senscritique.com/liste/Revoyons_Star_Wars/676912

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le 30 nov. 2014

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Sergent_Pepper

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