Jean Vigo est quasiment le seul à participer à la conception de son second film, Taris roi de l'eau (1931), aussi appelé La Natation par Jean Taris. Ce court-métrage de 6 minutes met en scène un champion de natation de l'époque. Sa démonstration est le prétexte à une espèce de cours accéléré. Après la balade d'A propos de Nice (1930), Vigo traite ce produit de commande comme une occasion poétique. Son cinéma charnel trouve un sujet à sa mesure. La photographie de Kaufman (contributeur sur les quatre films de Vigo) se joint à la sensualité de Vigo en tant que créateur d'images.
Il multiplie les ralentis et d'autres effets (bruitages expressifs, gros plans sous l'eau), généralement pour souligner avec grâce le corps et les mouvements, parfois pour sublimer la scène en lui donnant des allures plus fantaisistes. Ce court-là est certainement plus académique que le précédent mais est encore révélateur du style de Vigo, de sa malice aussi (petite surprise finale). Cette créativité sera moins épanouie dans Zéro de conduite, où le discours et les excentricités à demi-accomplies plombent la narration visuelle.
https://zogarok.wordpress.com/2015/10/04/les-courts-moyens-de-jean-vigo/