Après avoir co-réalisé Black Water avec David Nerlich, Andrew Traucki s'inspire à nouveau d'une histoire vraie pour gonfler les rangs de l'horreur animalière. Black Water a été une jolie pièce pour l'anthologie du ciné-croco ; The Reef vient sur le terrain des dominants, en terme de popularité et de représentation : les requins. Les spectateurs passeront encore l'essentiel de la séance dans l'eau, auprès des zones les plus pittoresques de l'Australie que les touristes (même nationaux) ont forcément tort de violer. Le film commence comme une balade dans un rêve de catalogue, exotique pour la plupart : le soleil est éclatant, le ciel d'un bleu presque mirifique. C'est caricatural, mais à ce point c'est balèze, surtout avec une telle 'simplicité'. Malheureusement c'est au milieu de ces paysages que le bateau de la petite troupe se heurte à un récif corallien.


Au-delà des décors, The Reef est notable pour ses jolis plans, mais aussi pour son manque d'intensité d'autant plus épatant qu'il demeure lorsqu'il se met en mouvement. Il y a plus de force dans certains tableaux (la rencontre avec la 'tortue'), que les esprits jeunes ou disposés pourront retenir, que dans les aventures elles-mêmes, les accès de panique ou les attaques de prédateurs. Black Water berçait dans une espèce de stase, bizarrement bien gérée ; là, il n'y a que remous constants, pleurs laconiques. La bande-son est au diapason, à la fois lourdingue et discrète, omniprésente. Les personnages sont assez niais mais sont également de jeunes adultes présumés passe-partout, à l'écart d'outrances teen. Les dialogues semblent lorgner vers la comédie plus vite que ne le font les situations – d'où la bizarrerie d'instants décalés ou au sérieux douteux (« tu vas ressembler à un phoque ») ; idem pour les gémissements triviaux (« les préliminaires »).


The Reef jouit d'une excellente réputation dans son domaine, étant considéré comme un des meilleurs films de requins. Il est toutefois bien moins 'fun' (car c'est aussi son but?) que Peur bleue et (fatalement?) insignifiant par rapport au maître établi Les dents de la mer (sans que la qualité soit en jeu – il n'est pas radicalement plus mauvais). Open Water, champion du minimalisme, le domine également en terme de malice et d'intensité. Néanmoins, pour ceux qui sont désespérés par les rafales de Sharknado, Mega Shark, Sharktopus et leurs successeurs (directs y compris, car ceux-là ont engendrés des sagas), The Reef sera un soulagement. C'est un travail honnête, sûrement 'bon' dans son monde. Ça n'en reste pas moins sans relief : du grindhouse des années 2000, anormalement bien encadré, platement exécuté.


Andrew Traucki dévalera la pente par la suite. En 2013 il va sur un terrain plus rare dans l'horreur animalière en se penchant sur les léopards, mais le public décroche et les critiques sont pour la première fois calamiteuses. Outre The Jungle, il contribue à ABCs of Death, film à sketchs réunissant les contributions d'auteurs jugés significatifs dans la galaxie Horreur. Son segment (G is for Gravity) est le plus court mais surtout le plus parfaitement absurde, au point qu'on ne sait même pas s'il faut parler de médiocrité dans son cas. C'est un truc de deux minutes à peine où un surfeur s'élance puis disparaît, vraisemblablement embarqué par un requin (plan final sur une planche). C'est beau de vouloir resté vissé à son sujet mais il y a un moment où le purisme et le rejet du suspense dépassent l'entendement.


https://zogarok.wordpress.com/2016/01/09/the-reef/

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le 8 janv. 2016

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