Certainement pas un des "pires nanars de tous les temps" (ni même meilleurs)
« De toutes façons cette histoire ne vaudrait pas un clou à la télévision ». Oui, la VF insiste bien pour enfoncer. Virus Cannibale est considéré comme l’un des plus gros nanars de tous les temps, au côté de Turkish Star Wars, rien de moins. Baptisé à sa sortie Hell of the living dead, c’est une des créations de l’inénarrable Bruno Mattéi, orfèvre du nanar extrême, empruntant le pseudonyme de Vincent Dawn pour l’occasion.
Virus Cannibale sort en 1980, deux ans après le triomphe du Zombie de Romero qui a engendré une vague de zombie movie (la première avant celle des années 2010). Le film reprend des préoccupations de l’époque (crise écologique, surpopulation, danger et nocivité des énergies actuelles) pour faire de ce Soleil Vert cheap dont tout le bis des 70s-80s en est rempli. Dans Virus Cannibale, une journaliste part avec son cameraman et quatre soldats d’élite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où un programme d’eugénisme se préparerait dans une centrale nucléaire. En effet, en revenant à la vie pour prendre celle des autres, les zombies sont censés régler les problématiques évoquées plus haut.
Aucun style, aucun talent et, pire car c’est la base, aucune matière ni fluidité. Bruno Mattéi est juste un mec qui filme des histoires abracadabrantesques et basiques. Les acteurs sont figés, la réalisation consternante, incapable de ménager le moindre effet. La caméra est fixe, en plans larges, essaie deux-trois contre-plongée, mais jamais elle n’assiste l’action. Elle est absolument objective, alors que ce qu’on voit est parfaitement artificiel et vide. L’attaque des zombies est hilarante, donnant lieu à de consternants amalgames d’hystérie et d’inertie. Virus Cannibale c’est aussi un défilé de gore absurde, de plus en plus corsé (si nanardeux soit-il, le final est généreux et trash comme il faut).
Comme souvent avec ce genre de produit, on est relativement déçu car son label semble excessif. Virus Cannibale n’est pas incroyablement nul, il est juste prodigieusement nase, avec des prétentions morales pour souligner et renchérir cette médiocrité. C’est un film Z entré dans la légende et il y a de quoi, mais des aberrations dans ce genre se comptent par dizaines. Contrairement à d’autres « films les plus mauvais de tous les temps », on se plaît assez à suivre celui-ci (il est aberrant mais limpide, concentré, ce n’est pas le cas par exemple avec Zombie:la création, dernier de Mattéi). Il est vain au point d’en devenir irritant, mais son jusqu’au-boutisme dans des logiques sans aucun sens le rend assez spectaculaire, comme lorsqu’un membre de l’équipe nargue les zombies pendant que tous ses camarades sont partis se réfugier dans le camion. Ça dure au moins cinq minutes, ça s’explique dans le contexte, mais enfin qu’est-ce que c’est que cette connerie ?
https://zogarok.wordpress.com/2015/03/02/virus-cannibale/