Après trois films posant les premières pierres du DC Extented Universe, Wonder Woman se profilait comme un énième long-métrage des studios Warner pour agrandir encore et équilibrer un univers cinématographique qui jusqu'ici peinait un peu à être convaincant. Mais le vent semble enfin tourner.
Wonder Woman s'avère assez réjouissant car il prouve que même les débuts difficiles peuvent avoir leur lot de bonnes surprises. Si Man of Steel et Batman V Superman n'ont pas réussis à satisfaire massivement leur base de fans, malgré des qualités évidentes, Suicide Squad quant à lui s'est révélé être un échec cuisant et un film bien maladroit. Et si finalement le film de Patty Jenkins était celui qui allait faire la différence ? L'avenir nous le dira, mais le long-métrage possède en tout cas toutes les qualités nécessaires pour y parvenir.
Cette "origin story" fonctionne car elle se vit comme un stand-alone, pas besoin d'avoir vus les autres films avant. Les références aux autres personnages du DCU ne sont quasiment pas présentes hormis une à un certain Bruce Wayne. Si bien que l'on aborde Wonder Woman comme un long-métrage plus neutre, qui par conséquent gagne aussi en singularité. Un film porté par une jeune actrice talentueuse et parfaitement adaptée au personnage. Il est vrai que Gal Gadot est une Wonder Woman saisissante, juste et passionnante.
L'écriture du long-métrage se révèle habile car elle permet d'explorer l'univers de cette héroïne en l'intégrant parfaitement au monde réel. C'était là ma plus grosse crainte concernant le film, la peur que l'aspect mythologique avec les Amazones dénote trop du reste. Mais grâce à une écriture solide et efficace, tout se met en place sans aucun problème. Rappelant les meilleurs moments de Man of Steel, Patty Jenkins prend le temps de présenter le monde originel de son héroïne. Il faut avouer également que la mise en scène est excellente tout au long du film, mais c'est véritablement lors des séquences sur l'île des Amazones que cette dernière met en avant à la fois les personnages et les décors magnifiques. Le tout ponctué d'effet-visuels saisissants.
Pour ce qui est du fond, il est intéressant de présenter la Grande Guerre comme principale antagoniste, cela permet d'explorer bon nombres de thématiques intéressantes. Cela implique aussi une vraie remise en question pour l'héroïne. Doit-elle se battre pour sauver le monde comme on lui a enseigné ? Ou bien doit-elle sauver les hommes, destructeurs et arrogants, alors qu'ils courent à leur perte ? Tant de choses que le film prend le temps de mettre en place, sans que cela ne soit brouillon (ce qui était le principal défaut de la version cinéma de Batman V Superman). Patty Jenkins attache autant d'importance à l'action qu'aux scènes plus intimes, et elle a bien raison puisqu'en plus elle fait ça très bien. C'est aussi dans l'écriture que réside l'une des grandes forces de Wonder Woman : le film parlera aux fans des comics comme aux néophytes.
Quant au divertissement il est bien présent, notamment grâce à une bonne gestion du rythme et des enjeux dramatiques. On rit souvent mais l'émotion à aussi droit de citer, ce qui est vraiment très appréciable. A cela s'ajoutent aussi des scènes assez dantesques, notamment celle du No Man's Land, ou bien encore la bataille sur la plage des Amazones. Seul le combat final, bien qu'impressionnant, contre le méchant du film demeure un cran en-dessous, mais curieusement cela ne pénalise pas le long-métrage pour autant. Car si effectivement c'est bien sur la Grande Guerre que s'attarde le scénario quand il s'agit de présenter les enjeux principaux, et l'antagoniste principale, il ne s'agit-là que d'un concept. N'oublions pas que l'on est ici dans une oeuvre grand public et qu'il faut aussi par conséquent un méchant physique contre lequel notre héroïne devra livrer bataille.
Du côté du casting on retrouve Chris Pine, très à l'aise dans les blockbusters, il parvient ici à nous faire oublier le Capitaine Kirk de Star Trek pour jouer un personnage charismatique, fort et drôle. Connie Nielsen est excellente également en Reine Hyppolite et David Thewlis est lui aussi parfaitement à l'aise dans ce registre qui ne lui est finalement pas si familier que cela. On pourra également citer les bonnes interprétations du duo infernal porté par Danny Huston et Elena Anaya (bien loin de son rôle complexe dans La Piel que Habito cela dit). Mais le plus gros plaisir c'est surtout de retrouver l'excellente Robin Wright qui troque ici son rôle dans House of Cards pour camper la féroce Général Antiope. Bien évidemment comme il a été dit plus haut, c'est Gal Gadot qui porte à bout de bras tout le long-métrage et qui laisse par conséquent planer de beaux espoirs pour l'avenir de ce personnage.
Wonder Woman est donc un excellent apport au sein du DC Extented Universe. Porté par une actrice pleine de talent et mit en scène par une réalisatrice qui sait mener sa barque, le film se révèle aussi réjouissant que porteur d'espoir pour la suite. Une belle réussite !