A Bout de Souffle est un film de cinéphile, un film fait par des passionnés du cinéma qui y ont mis tout leur cœur dans ce projet. A Bout de Souffle, c’est le film phare de ce qu’on appel La Nouvelle Vague, mouvement lancé par les créateurs du magazine « Les Cahiers du Cinéma », qui voulaient se mettre à la réalisation.
A son époque, A Bout de Souffle était donc un film novateur qui allait changer l’industrie du cinéma français (voir même américain). Le cinéma n’est plus une industrie, mais un art à part entier. Car n’oublions pas, quand les Frères Lumières ou encore Thomas Edison ont découvert comment faire des films, ils n’ont pas pensé « chouette, nous avons ouvert de nouvelles possibilités pour raconter une histoire, nous avons créé un art », ils se sont plutôt dit « chouette, on va se faire plein de tunes ».
A Bout de Souffle est un film qui a changé la façon de concevoir le cinéma, chaque plan veut raconter quelque chose, chaque dialogue se promène entre un onirisme romantique et une réalité cruelle.
Belmondo incarne Michel, un beau gosse, qui dit plein de belles choses (même s’il arrête pas de dire que les femmes sont lâches), et on serait presque tenté de le suivre dans sa fuite tellement le gars est charmant et charismatique. Mais un voyou reste un voyou, et quand on prend un peu de recul, Belmondo incarne un connard égoïste qui découvre ce qu’est « l’amour », et va vite se rendre compte que ce truc… bah c’est dégueulasse. Le personnage de Michel est un connard, un gars amusant, mais un connard. Voleur de voiture, tueur de flic, manipulateur de femmes. Mais toute cette monstruosité, il arrive à le cacher à travers ses douces paroles et son sens de l’humour assez fin.
« Si vous n’aimez pas la montagne. Si vous n’aimez pas la mer. Si vous n’aimez pas la ville. Allez vous faire foutre ! »
De l’autre côté, il y a Patricia, jeune américaine discrète et mignonne qui gagne le cœur de Michel sans rien demander. Il veut qu’elle le suive, mais elle n’est sûr de rien. C’est à la fois intéressant et chiant. Patricia est constamment écartelée entre ce désir de suivre Michel dans sa croisade à Rome, mais sa conscience lui dit de ne pas le suivre, de ne pas se laisser aller par ces douces paroles. Bref, une hésitation qui se traduit par un seul dialogue répété tout le long du film « je ne sais pas ».
« - A quoi tu penses ? » « - Je ne sais pas… » « - Tu m’aimes ? » « - Je ne sais pas… » « Tu veux coucher avec moi ? » « - Je ne sais pas… ».
C’était vite emmerdant, je dois l’avouer.
Mais A Bout de Souffle, c’est aussi une enquête policière assez bizarre. Tout le destin de Michel réside dans le choix de Patricia : le suivre, ou le dénoncer lâchement à ces bouseux de flics ? Un p’tit suspens s’installe, et on ne saura la réponse que dans la toute dernière minute du film.
Et comme je le disais plus haut, A Bout de Souffle, c’est surtout un film de cinéphile. Un film où on rend constamment hommage à Humphrey Bogart avec un geste que Michel répète six ou sept fois dans le film. Un film où Jean-Pierre Melville a droit à sa propre interview. Ou les personnages se baladent sans cesse devant un cinéma. Bref, un film sur le cinéma avant tout.
A Bout de Souffle, c’est un film qui a imposer son style dans le cinéma, et qui a ouvert tout un tas de possibilité à cet art. Un film réalisé sans les contraintes d’un studio (on film dans la rue sans prévenir personne par exemple). Godard a fait ce qu’il voulait avec son film, et il a géré. Même si je me suis un peu ennuyé sur certains passages, le film est très bon et mérite son statut de film culte, car il a prouvé à son époque, qu’on pouvait faire bien plus avec une caméra qu’un simple film de commande.
Bref, un incontournable.