Une mère de famille célibataire doit sans cesse jongler entre la garde ses enfants, à l'école puis chez une nounou, et son travail de chef d'équipe dans un palace parisien, d'où un rythme effréné durant la semaine. La situation est aggravée par une grève générale qui perturbes les transports en commun, donc multiplie les risques de retard, ainsi que par la perspective d'un entretien d'embauche sur un métier qui convient aux aspirations de cette femme pressée.
Passé un peu inaperçu en début 2022, j'ai surtout appris la connaissance de A plein temps lors de la publication des classements en fin d'année, qui le classent souvent très haut pour les films français. Ça plus la présence de Laure Calamy m'ont intrigué, et oui, c'est une très grande surprise, car c'est quasiment une histoire qu'on ressent physiquement, jusqu'à devenir aussi stressé et nerveux que cette femme. Car tout est une question d'équilibre : va-t-elle pouvoir rentrer chez elle le soir ? Aller travailler sans risquer d'être en retard ? Comment faire garder ses enfants quand les grèves menacent la circulation des trains ? Tout ça est montré dans ce film au rythme frénétique, et à l'excellente musique électro, où le temps est précieux, au risque de frôler une forme de dépression.
Le film est porté par la formidable Laure Calamy, peut-être LA révélation du cinéma français des années 2010, qui se démène comme jamais pour tout concilier, où on sent sa détresse, notamment face à l'hyperactivité de son fils qui la laisse désemparée, aux coups de fil sans réponse de son ex qui ne peut jamais garder ses enfants.... Ce qui donne au film quelque chose de très fort, où respirer semble presque être en trop, où même l'entretien d'embauche qu'elle va faire au risque de se faire virer de son travail au palace rend nerveux parce qu'on la sent maladroite, fébrile. C'est vraiment dans les dernières secondes qu'on peut respirer un peu, parce que je pense que le réalisateur ne voulait pas totalement charger la mule de la souffrance chez cette mère de famille, même si elle morfle déjà pas mal en 80 minutes.
A plein temps est clairement un film à réhabiliter, à faire connaitre, car il peut aussi parler aux personnes qui doivent travailler loin de leur domicile, et où le temps est si précieux.