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Les Etats Unis sont le pays des extrêmes. Une importante production cinématographique de bas niveau pour le plus grand nombre côtoie des films très subtils et, comme pour certains films japonais, entièrement consacrés à une réflexion éthique.

S'appuyant sur l'histoire de l'avocat Kenneth Feinberg chargé avec son équipe de convaincre les familles des victimes du 11 septembre d'accepter une indemnisation de l'Etat, le film retrace l'évolution morale de cet avocat et les questions éthiques que pose ce genre d'indemnisation.

D'abord brillant universitaire excellant dans son cabinet à appliquer avec cynisme les lois sans faillir, c'est-à-dire en excluant tout affect, K. Feinberg s'humanise progressivement au contact des familles et s'aperçoit que les lois ne rendent pas justice à la peine des proches. Certains cas qu'on voit défiler avec émotion l'interpellent comme cet homosexuel rejeté par la famille d'une victime, sans aucun droit légal, mais qui a gardé l'émouvant message de son conjoint qui, au moment de la mort, n'a pas pensé à sa famille mais à l'homme qu'il aime. Ou comme cette famille de pompier mort pour avoir essayé de sauver son frère qui ne demande aucune indemnisation mais souhaite qu'on fasse justice à ce pompier en racontant son histoire. Seulement, le travail de l'avocat est de convaincre au moins 80% des victimes d'accepter cette aide de l'Etat ; dans le cas contraire, ce sont les assurances qui prendront le relais, notamment celles des compagnies d'aviation, et cela entraînera un procès très long qui risque de se solder par une absence totale d'indemnisation des victimes.

D'autre part, se pose la question du montant de l'indemnisation. Calculé sur la valeur économique de la victime, un PDG gagnant des sommes importantes doit être mieux indemnisé qu'une serveuse gagnant peu. Est-ce juste ? Un courant parmi les victimes réclame une indemnisation unique. Est-ce juste ? Il n'y a bien sûr aucune réponse satisfaisante dans un cas comme dans l'autre mais il faut quand même apporter une réponse concrète qui ne sera jamais juste, comme la vie qui ne l'est déjà pas. Dans les deux cas, une partie des victimes se trouve lésée parce qu'on n'accepte pas cette injustice de la vie par-delà la mort et c'est humain.

S'investissant de plus en plus, l'avocat, nous le savons dès le début puisque c'est historique, arrivera de justesse à dépasser la barre des 80% d'accords. Ce n'est pas un film à suspens, l'intérêt se trouvant dans les questions posées et l'évolution de cet intellectuel qui avait été dressé à être un technicien froid et efficace. Un beau parallèle est posé dans son attitude envers son affreux petit chien qui, quand il est au sommet de sa réussite professionnelle, lui mendie des promenades sans qu'il daigne même le regarder alors qu'on le voit sous la pluie promenant son chien au téléphone avec des victimes.

jaklin
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le 20 janv. 2025

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