Se souvenirs de telles choses
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Faux premier film de Jesse Eisenberg, « A real pain » semble céder, presque caricaturalement, à la tentation de l’auteur « jeune », mu par la volonté d’aborder toutes les thématiques qui lui sont chères, de donner naissance à une œuvre somme, aux relents indigestes.
Débarrassé du fardeau de la création initiale, (qui ressemblait à un brouillon désincarné, presqu’un film de commande), le désormais cinéaste livre un propos intime empreint de son (ses) identité (s) profonde(s), convoquant pêle-mêle et un peu en surabondance il est vrai, sa judéité, les racines européennes d’une nation hétéroclite (niée par certains aujourd’hui ), la famille, la masculinité moderne…. Et nous y reviendrons, la notion dualité, le tout à l'intérieur d'une odyssée tragi-comique, lorgnant sur le buddy movie à tendance film d'auteur New Yorkais.
Dès les premiers plans, il est manifeste que le cinéaste érigera cette dualité en fil conducteur narratif du métrage, opposant dans des plans croisés Benji (Kieran Culkin), très calme et visiblement ponctuel, installé dans une salle d’embarquement et David, son cousin (Jesse donc) en taxi, manifestement en retard et agité, dans mouvement frénétique noyé sous les notes languissantes de la nocturne numéro 2 de Chopin. Très vite la mise en scène alerte, immerge et un peu à la manière de Spielberg (osons la comparaison), définit les enjeux en quelques dialogues et perspectives efficaces : chacun comprend que les deux cousins migrent le temps d’un road- trip hommage au sein d’un petit groupe, vers la Pologne, terre de leurs ancêtres et notamment de leur grand-mère disparue depuis peu.
L’un, David, plutôt …calme et sérieux installé (femme, enfant, métier stable), l’autre Benji , plus fantasque parait au contraire plutôt dépressif, hypersensible seul , sans boulot…
Pourtant, malgré la dynamique manifeste, la présentation des membres du groupe s’accompagne de quelques archétypiques (la célibataire quinqua névrosée, le vieux couple ashkénaze, un survivant du génocide Rwandais converti au judaïsme, le guide théorisant) et l’alternance, déjà systématique, entre scènes de comédie et émotions sincères inquiètent un peu.
Kieran Culkin surjoue parfois le trouble dissociatif, mais livre une belle performance, et surtout le métrage chemine avec une certaine subtilité dans les trace du « Darjeeling » de Wes Anderson .
L’ensemble est parfois inégal et (toujours) très bavard, mais émaillé de scènes qui œuvrent vers une belle résonnance (ces fameuses scènes dont on se souvient), tour à tour loufoques et sensibles, à l’image de l’improbable mise en place pour la photo devant le monument de l’insurrection à Varsovie, de la scène du train, du restaurant…
A real pain parvient à assumer ses paradoxes, celui du titre (une véritable souffrance) qui trouve un écho ironique dans sa dichotomie suggérée (l’expression «you’re a real pain in the ass » signifie tu es un véritable emmerdeur), ou celui des caractères supposément opposés des deux cousins à la sensibilité avérée, mais exprimée différemment dans cette idée de double (presque maléfique) en forme d’hommage au (x) double (s) personnage d’Eseinberg dans l‘excellent film du même nom ; pour réussir à faire converger ses nombreux personnages et ses thématiques pléthoriques vers une épopée sensible, humaine, séduisante tout simplement… avec une fin
un peu abrupte
qui ne surjoue pas ses effets.
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il y a 1 jour
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