Il s'appelle Adam,comme et Eve,et Chaplin,comme Charlie,même s'il a peu à voir avec le premier,encore que,et moins encore avec le second.C'était un jeune homme doux et tranquille,mais ça c'était avant.Avant que Denny Richards,le caïd dégénéré du coin qui contrôle à la fois la pègre et la police,ce qui facilite les affaires,ne tue son épouse en la brûlant vive sous le prétexte abusif qu'elle n'a pas remboursé à temps un prêt que l'affreux lui avait consenti.Pourquoi lui avait-elle emprunté de l'argent alors que visiblement c'est pas la période des soldes,on n'en saura jamais rien et on s'en branle,next!Du coup,allez savoir pourquoi,Adam est légèrement contrarié,d'autant qu'une fille avec une pareille paire de nichons,il ne va peut-être pas en retrouver une tout de suite.Du coup,il fait un pacte avec le Diable,comme Faust,afin qu'il l'aide à se venger.Et le voilà flanqué d'un démon qui se planque dans son épaule.Si,c'est possible!Mais de temps en temps il sort le démon,dès qu'il s'agit de pulvériser quelqu'un en fait.Alors lui,il ressemble à Golum mais en moins sympa,si vous voyez le genre.Bon,"Adam Chaplin" c'est du néo-gore italien,même si tous les noms sont anglais parce qu'il faut vendre à l'international.Le bled où ça se passe se nomme par exemple Heaven's Valley,ce qui est ironique et cadre avec le nom du héros,mais sa dulcinée ne s'appelle pas Eve,ce qui est une faute de goût étonnante dans ce film où le bon goût prédomine pourtant.Il s'agit du premier film d'Emanuele De Santi,qui a quasiment tout fait lui-même car le budget était restreint.Il est réalisateur,scénariste,producteur,chef-opérateur,musicien ,acteur vedette et responsable d'une partie des effets spéciaux.Il a sans doute aussi balayé le plateau.Cependant,il a été secondé dans certaines de ces tâches par un certain Giulio De Santi,qui est probablement son frère et tient ici un second rôle.En tout cas,c'est le patron de leur boîte de prod,baptisée Necrostorm,tout un programme,et il a également réalisé des films d'horreur en compagnie de la même équipe.Le début d' "Adam Chaplin" est carrément consternant.C'est exagérément lent,le scénario est vu,revu et parasité par de non moins usés flashbacks,c'est filmé en gros plan et dans l'obscurité,ce qui limite l'appréciation des images,les scènes de violence sont shootées trop cut et la photo aux couleurs désaturées tirant sur le bleuté donne un look artificiel à l'ensemble.Pour faire bonne mesure,De Santi parade complaisamment dans le rôle principal et prend la pose,attardant volontiers la caméra sur son visage d'ange aux longs cheveux bouclés et sur son corps ultra bodybuildé.Mais ça s'arrange progressivement et l'auteur parvient sur la longueur à imposer son ambiance glauque,délétère et malsaine.Il initie une vraie proposition de cinéma,dans un style punk radical et jusqu'auboutiste.A mesure que l'intrigue se développe et que les lieux se diversifient,on passe dans une dimension différente.Nous voici entraînés dans des endroits sinistres et déserts,no man's land et no future,suintant la misère et la désespérance,où ne subsistent que les bas instincts,la violence irrépressible et la loi du plus fort.Dans ce contexte,l'artificialité de la photo devient un atout,De Santi réussissant même de forts jolis plans,et les décors lugubres,quartiers HLM à l'abandon,routes paumées boueuses,souterrains inquiétants,installent un climat post-apo qui incline à se demander si Macron ne s'est pas fait élire là-bas.Quant aux personnages,ils ont tous des gueules atroces et sont affligés de tares diverses qui,en plus de leur dangerosité évidente,les rendent peu aptes à la convivialité joyeuse.Les effets spéciaux,préférant le mécanique au numérique,sont souvent peu crédibles mais donnent à l'ensemble un charme rétro.Et puis bien sûr il y a le nerf de la guerre,à savoir le gore.On est venus pour ça,et Emanuele livre du gore.C'est over dégueulasse,c'est d'une violence insensée,le sang gicle de partout,les membres tranchés volent au vent,les visages sont écrabouillés complètement,la tripaille dégouline des blessures géantes,le tout culminant lors de la démentielle baston finale,bref on en a pour son argent.Il vaut mieux évidemment apprécier ce genre de spectacle et y être aguerri pour adhérer au concept,et le film est formellement déconseillé aux végétariens,végans et autres lecteurs d'Aymeric Caron.Détail curieux,certains rôles masculins sont tenus par des femmes,ou des travs,ou des trans,on sait pas trop.