L’impression que la force du métrage est aussi sa faiblesse : le montage.
Le film veut brasser très large et faire une véritable fresque sur plusieurs années, du plus jeune âge de nos héros jusqu’à leur vieillesse.
Le problème c’est qu’on a parfois l’impression que le film va trop vite, les événements s’enchaînent assez vite sans qu’on ait le temps de s’impliquer émotionnellement avec les protagonistes (à part toute la séquence où ils sont enfants que je trouve très réussie).
Mais du coup on voit les nombreux différents partis politiques qui ont été à la tête de la Chine en très peu de temps. Entre les japonais pendant la seconde guerre mondiale ou les communistes pendant la guerre froide, et c’est pas un hasard qu’en 1993, quand la possible annexion d’Hong Kong à la Chine est plus que jamais évoquée, les communistes sont vues comme de réelles antagonistes tout aussi dangereux que les japonais dans les années 40.
Le film parle donc de la place de l’art dans la société et surtout dans la politique, la place de l’artiste surtout, les artistes qui sont engagés, dès figures politisés malgré eux, vu comme des héros un jour et comme des ennemis de l’état le lendemain, même si leur but est juste de « divertir ».
Il y a donc à côté de ça la petite histoire dans la grande histoire, le triangle amoureux, qui, d’après moi, est un peu raté. Le film allant à 200 à l’heure on a du mal à s’impliquer dans la relation, à part peut-être le personnage de Leslie Cheung qui fait vraiment ressentir son amour, le reste c’est plus ambigu mais moins palpable du coup… le film s’attarde pas réellement sur la place de l’homosexualité par rapport aux différents régimes politiques mais plus sur l’ambiguïté du personnage de Zhang Fengyi vu qu’on ne sait jamais sur quel pied il danse.
Tout le discours sur la transidentité est cependant très réussi, le personnage de Leslie Cheung est peut-être plus lui-même via son personnage vu qu’il ne pouvait pas l’être complètement à l’époque, donne un vrai côté touchant au personnage, on voit que le théâtre est sans doute sa passion pour ça.
Autrement les costumes et les maquillages sont magnifiques (on peut le voir sur l’affiche déjà), la reconstitution est géniale aussi, et la photo est très belle, d’un point de vue formel rien à dire.
En tout cas le film veut brasser large avec les inconvénients que ça peut impliquer mais ça reste un beau film qui peut plaire à beaucoup de monde je pense. Palme d’Or à Cannes que je peux comprendre même si pour moi Campion aurait dû l’avoir pour elle seule ahah.