Pourquoi avoir regardé ce film ? J’étais intrigué parce qu’il était numéro un du top 250 des films indiens IMDB et qu’il allait entrer dans le top 250 avec une belle note de 8,8/10.
Cette note était-elle disproportionnée ? Je pense, oui, comme d'autres que moi, étant donné qu'elle est maintenant bien descendue. Peut-on dire que j’aie été déçu par le film d'Hrishikesh Mukherjeese ? Pour avoir vu une bonne dizaine de films indiens, pas vraiment. Et pourtant, cela commençait bien.
Le jeune cancérologue Bhaskar Banerjee reçoit un prix pour son livre «Anand». Il se lance dans un discours désespéré et touchant sur ses conditions de travail, lui qui n’est pas armé pour combattre les maux répandus dans certains quartiers indiens. « Les médicaments peuvent soigner les maladies mais non la pauvreté » dit-il. Lui qui voulait sauver des vies, il doit constater trop souvent à son goût la mort prochaine de ses patients à venir, impuissant, faute de moyens.
Le livre est une adaptation de ses notes de travail. Bhaskar souhaite rendre hommage à Anand Sehgal. Celui-ci est un jeune homme d'une trentaine d’années, sans famille, qui arrive de Delhi à Bombay pour se faire hospitaliser, en sachant très bien qu’il a développé une maladie incurable et n’en a tout au plus que pour six mois à vivre.
Il s’enfuit très vite de l’hôpital et s’invite chez Bhaskar (alias "Babu Moshai", surnom affectueux que lui donne le malade), qui lui a annoncé sur son lieu de travail que les soins seront sans effet. Anand va bientôt mourir. Celui-ci a remarqué de suite la solitude et la dépression de ce médecin condamné à ne pas pouvoir soigner, et va tenter de rendre sa vie belle.
Anand va-t-il vivre la nouvelle de sa mort annoncée comme une grande transformation existentielle ? Va-t-il réfléchir à ce qu’il va léguer à ses amis proches (façon Breaking Bad) ou à l’héritage qu’il laisse sur terre (comme dans Ikiru d’Akira Kurosawa) ? Il semblerait que non, qu'Anand vive relativement bien la situation, tout sourire, gardant ses doutes pour lui, au lieu de les partager avec nous.
Le scénario du film se construit sur quelques moments vécus avec Anand, Babu Moshai et son entourage, sans clarté temporelle dans le récit. Aucun signe n'indique à quel stade de la maladie nous en sommes, Anand paraîtra d’ailleurs aller aussi bien au début du film qu’à la fin, sur son lit de mort (il sera juste un peu plus "transpirant"). Il se contentera de dire des blagues, de créer du bonheur autour de lui, de pousser « Babu Moshai », un peu coincé et trop concentré sur son travail, au mariage et à l’amour. Il chantera la vie aussi, on est à Bollywood.
Chaque fois qu’un personnage apprend la nouvelle de la mort prochaine d’Anand, les mines se font grises, les larmes coulent, des prières sont exaucées pour tenter de lui sauver la vie. Pourquoi Anand, pourquoi lui, lui qui est si gentil avec tout le monde ? Devant un tel désarroi et une absence de réponses des médecins et des Dieux, il ne leur reste qu’une chose à faire, pleurer et tenter de nous faire pleurer avec.