Le premier film que je suis allé voir cette année est « Anonymous ». Sorti le 4 janvier dernier, il est réalisé par Roland Emmerich. Ce dernier est célèbre pour ses films à grand spectacle tels que « Independance Day », « Le jour d'après », « 2012 » ou encore « The Patriot, le chemin de la liberté ». Son dernier film se veut moins « blockbuster ». Les critiques plutôt positives et le fait que le thème tourne autour de Shakespeare ont fini de me conquérir d'aller découvrir cet opus de plus de deux heures. Depuis « Shakespeare in love », je voue une affection particulière à ce personnage historique.
Le film construit son histoire autour d'une théorie selon laquelle Shakespeare ne serait que le prête-nom d'un noble qui, du fait de sa situation sociale, ne peut assumer la paternité de ses chefs d'œuvre. En plus de cette imposture historique, la trame nous plonge dans les arcanes de la vie à la cour d'Elisabeth I, multipliant ainsi les personnages et les enjeux...
Ce film se construit sur une intrigue historique jugée farfelue par bon nombre de spécialistes. Néanmoins, ce n'est pas le plus important. L'essentiel reste qu'on doit y croire. Et c'est le cas. Les aventures d'Edward de Vere, comte d'Oxford apparaissent crédible du début à la fin. Que ce soit son destin tragique d'auteur méconnu ou l'histoire de ses amours qui s'entremêle avec des luttes de pouvoir, tout est passionnant. A priori, je m'attendais à découvrir une version « de l'ombre » concernant la vie de Shakespeare. Finalement, ce dernier est vraiment annexe dans l'histoire. Il nous est présenté comme un analphabète narcissique.
Le personnage d'Edward de Vere est remarquablement incarné par Rhys Ifans. Très rapidement, on ressent de l'empathie à son encontre. Le film navigue entre les époques pour nous le montrer de son enfance à sa mort. Son amour pour le théâtre, ses histoires de cœur, ses décisions politiques... Tout nous est conté. Cela permet de prendre conscience des différentes facettes du personnage. Cela lui donne une vraie ampleur. Que ce soit la gestion de l'anonymat de ses pièces ou les différentes manipulations politiques quant à la succession d'Elisabeth, les thèmes d'intrigues ne manquent pas dans le scénario.
J'ai passé un bon moment devant ce film. Néanmoins, le début m'a paru un petit peu brouillon. En multipliant les flashbacks et en faisant intervenir beaucoup de personnages, j'ai eu un petit peu de mal à m'immerger dans le film. J'avais des difficultés à me croire dans les rues de Londres au seizième siècle. Ce phénomène s'estompe passé quelques scènes et la densité relative du scénario fait que mon plongeon dans l'Angleterre élisabéthaine a bien lieu et je ne l'ai quittée qu'une fois le film terminé.
Concernant la reproduction de l'époque, je la trouve inégale. Je trouve que les scènes de cour semblent crédibles. On a réellement le sentiment d'être dans les arcanes du pouvoir. Par contre, je trouve que l'univers du théâtre est moins bien traité. Par comparaison « Shakespeare in love » était bien plus crédible à ce niveau-là de mon point de vue. Néanmoins, tout cela ne gâche pas le plaisir général que génère le film. L'inégalité concerne également les effets numériques qui sont parfois remarquables et parfois un poil criard.
La réussite du film, en plus de son scénario bien construit, concerne son casting qui est d'une qualité rare. En plus d'un Rhys Ifans splendide de sensibilité, l'acteur qui m'a le plus marqué est Edward Hogg qui joue le conseiller de la reine. Le personnage est ambigu et antipathique. Il ne laissera personne indifférent. Je ne vous ferai pas la liste de tous les personnages. D'une part ce serait long, et d'autre cela vous révélerait partiellement l'intrigue. Mais je peux vous garantir que chacun des acteurs est talentueux et participe à la crédibilité de l'ensemble.
En conclusion, « Anonymous » est un film correct. Il offre une histoire crédible et l'ennui ne nous guette à aucun moment. L'empathie que dégage le héros fait qu'on est curieux de connaitre l'avancée des différentes intrigues. Cet opus nous offre ce qu'on est venu chercher. Par contre, il ne prend jamais l'ampleur supplémentaire qu'il aurait pu acquérir sur le plan de la dramaturgie. Tous les ingrédients sont présents. Ils sont utilisés correctement mais pas sublimés. C'est dommage mais rapidement oublié tant la soirée passée resta bien sympathique...
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