Le maître du haut chaos
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Le papa (Costa Gavras) savait un peu plus y faire avec la violence. Il montrait son origine institutionnelle et politique. Le fiston reste dans la sidération. Comme un général de plateau, il envoie ses troupes au front (fumigènes, mortiers, pétards, moto, scooters et caddies contre des CRS bientôt rejoints par l'armée) avec force cris et détermination. La fumée qui flotte dans l'air est sensée nous ramener à l'époque antique.
La banlieue est le monde qui advient. En cela, Romain Gavras a raison. La violence qui s'exprime est un verbe qui interpelle. On ne peut plus mettre un couvercle sur l'eau qui bout. Mais là s'arrête l'exposé. En bon paternaliste qui s'ignore, le fiston Gavras nous désigne un coupable taillé sur mesure : l'extrême droite. Quand on n'a pas d'imagination, on montre des méchants rasés et tatoués de croix gammées. Ce sont eux qui ont tué le petit frère en se faisant passer pour des flics. Fallait y penser ! Le fatum a son carburant. Ça va péter. Le frère cadet, celui qui avait levé les troupes dans la cité, meurt sur l'agora. Son grand-frère, un militaire écartelé entre son sens du devoir et l'amour filial, essaye bien de ramener tout ce monde à la raison. Mais quand il voit son frère tomber sous les tirs des policiers, il bascule à son tour dans l'extrême violence. Tout cela se termine par l'explosion de l'immeuble comme l'ultime moyen de faire cesser le tic-tac infernal de la tragédie.
Qu'adviendra-t-il de tout cela ? Gavras l'ignore. Il a mis le feu aux poudres et s'est barré avant. Il n'a pas su (il n'a pas voulu) questionner le drame qui se joue aujourd'hui dans les banlieues. Comme l'a dit un célèbre dramaturge de l'époque de Shakespeare : quand un homme est précipité dans un puits, qu'importe celui qui l'y pousse. C'est son propre poids qui l'entraîne au fond le plus vite. Romain Gavras a bien retenu la leçon.
Créée
le 17 déc. 2022
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