Le nouveau film de Ron Howard se place dans la suite des nombreux films inspirés d’histoires vraies que le réalisateur a tourné, après Rush, Apollo 13 ou bien encore Un Homme D’Exception. Au coeur de l’Océan est donc l’adaptation du livre qui raconte l’histoire qui a inspiré l’écrivain de Moby Dick, écrivain qui constitue d’ailleurs le fil conducteur du récit étant donné que le film est composé de flashbacks. Durant ceux-ci, on va donc suivre l’équipage de l’Essex entre survie, apprentissage de soi et rapport à la nature car c’est ce qui ressort du film, la place de l’homme au sein de la nature. Ainsi, Ron Howard signe un grand film d’aventure marine au message fort, en écho avec notre actualité brûlante concernant justement ce rapport.


Au coeur de l’Océan c’est d’abord paradoxalement une histoire terrienne à échelle d’homme entre jeux économiques et politiques auquel le fougueux commandant en second Chase se soumettra dans un premier temps. Interprété par Chris ‘’Thor’’ Hemsworth, il apparaît au mieux sûr de soi et au pire comme un sacré vantard, rôle auquel son physique de surfeur semble l’avoir abonné entre Thor ou bien encore Rush du même réalisateur. Ainsi, il devra se confronter au capitaine du bateau choisi pour son sang et non pour son expérience et qui va nourrir une féroce jalousie envers l’aisance de Chase en commandement. À ses côtés, on retrouve pas mal de trognes connues comme Cillian Murphy ou Ben Whishaw (et des futures têtes connues comme Tom Holland qui portera bientôt le collant de Spiderman). C’est donc au départ une lutte de pouvoir sournoise, une histoire de jalousie à hauteur d’homme puis arrive le grand cachalot blanc et tout change. C’est face à une puissance bien supérieure qu’ils devront faire face, une puissance devant laquelle on ne peut que rester humble sous peine de se faire dévorer littéralement ou métaphoriquement comme le capitaine Pollard qui chassera la baleine en vain toute sa vie. Chase, lui, malgré son arrogance de début de film est celui qui acceptera de plier l’échine dans l’une des plus belles scènes du film, un échange intense de regard qui lui rappelle sa place dans l’univers. Le noeud du film sera une conversation entre Chase et Pollard, où chacun donnera sa vision de la place que doit tenir l’homme au sein du monde entre domination sans partage et humilité. L’homme doit-il régner comme un roi ou n’est-il que poussière portée par le vent ? Mine de rien, le film se pose comme un grand récit écologique sur la posture qui peut sauver l’homme. Car s'il exploite sans vergogne la nature, un grand cataclysme fera couler tout le navire. Pour soutenir cette idée, Howard va utiliser beaucoup de plans très larges pour montrer la petitesse des hommes face au monstre de la nature. À vrai dire, il n’y a dans le film presque pas la notion de combat entre les deux parties, on comprend très vite l’écrasante puissance de la bête. Qui plus est, les CGI utilisés pour recréer le monstre sont suffisamment convaincant pour qu’on ressente sa présence à l’écran, ce qui est primordial pour ce genre d’histoire.


Car malgré un message des plus pertinents, le film n’oublie pas d’être un film d’aventure ultra prenant de bout en bout. La structure découpée, dû à la narration de l’écrivain, permet de rajouter un côté mythique à cette histoire et de lui donner plus d’ampleur en montrant les séquelles qu’elle a laissé. Le personnage de l’écrivain, lui, serait un peu l’avatar du réalisateur, soucieux de faire honneur à l’histoire qu’il raconte. Pour nous immerger dans l’aventure, Howard utilise pas mal de caméras fixées à des objets en mouvements ce qui crée une dynamique entre les personnages et la caméra, et renforce l’immersion. Accompagnées de la 3D, bien pensée pour le film, les trombes d’eau qui se déversent sur l’écran immergent quasi littéralement le spectateur pris dans la tourmente avec les marins. De même, la chasse à la baleine est montrée de manière assez détaillée et crue, ce qui fera crier le militant écologique enfoui au fond de vous à coup sûr.


Pour conclure, Au Coeur de L’Océan est une grande réussite visuelle et thématique, et il est dommage que le film se soit relativement planté tant il mériterait d’être vu. Alors s'il vous reste un peu de temps après Star Wars, je ne saurais trop vous conseiller de plonger dans ce film vraiment intéressant même si au final, on voit pas une seule baleine … Étrange.

Créée

le 15 juin 2016

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