(Attention spoiler mineurs) Un film intense, un feu d’artifice insensé, une explosion. Comédie et drame, mélange des genres remuant d’amour, de joie, de tristesse, de folie, de peur, de désespoir et de mélancolie. Tout y est. Durant cette grande aventure de trois heures, je suis passé par toutes les émotions. Babylon est un véritable moment de cinéma, une déclaration d’amour exubérante au septième art. On y découvre les dessous de l’Hollywood (land) des années 20, les frasques des acteurs, leurs excès, leurs vices et leurs démons. On y vit le passage du cinéma muet au cinéma sonore, on y suit l’évolution de l’industrie, des studios, le tout dans une effervescence festive absolument démesurée. Le film se découpe en trois segments, l’ascension, le succès et la chute. Et si le rythme des deux premiers tiers du film est très bien maîtrisé, on pourrait penser que le dernier segment traîne en longueur, car on le sent tout de même un peu passer, mais il sert extrêmement bien l’intrigue. En effet, durant cette dernière heure, les personnages semblent s’engluer dans cette fin de fête qu’ils voudraient faire durer éternellement. On passe lentement du rêve au cauchemar, et tous s’évertuent à repousser le moment où la magie s’estompera, quand tout prendra fin. Le seul petit point négatif, à mon sens, réside dans la dernière scène, avec cette espèce d’hommage grandiloquent au cinéma qui effectue une mise en abîme épileptique peu subtile, mais à dire vrai, la subtilité n’a rien à faire dans ce film car tout y est grandiose et délirant. Babylon n’est toutefois pas un film à mettre sous tous les yeux, car malgré un grand nombre de critiques positives construites et pertinentes, je vois que le film subit une petite part de critiques négatives assez virulentes. Alors qu’on soit clair, chacun est libre d’aimer ou de ne pas aimer un film et d’exprimer son opinion, mais ce qui me dérange dans l’ultra majorité des critiques négatives que se prend Babylon, c’est qu’elles n’expriment rien de concret. Elles sont, en fait, purement gratuites. Il n’y a aucune mention d’un quelconque aspect technique du film qui lui aurait fait défaut, ce ne sont que des ressentis personnels stériles. C’est franchement navrant, parce que je crois savoir ce qui dérange les auteurs de ces dites critiques, et c’est assez symptomatique d’une petite frange de la communauté cinéphile. Ce qui dérange, à mon sens, c’est le fait que Babylon émette clairement l’idée que le cinéma appartient à tout le monde, et surtout aux classes populaires, car il leur permet de rêver, de s’évader d’un quotidien trop lourd. Certains n’aiment pas cette idée. Et il est également permis de penser que la description du métier de critique cinématographique que donne le personnage de Jack Conrad (interprété par Brad Pitt dans le film) ait un peu piqué certains, car il exprime, à raison, que les critiques ciné ne produisent rien, elles encensent ou blâment une œuvre en quelques lignes, elles considèrent un film comme un produit fini sans même prendre en compte le processus créatif, les conditions de tournage parfois difficiles, les contraintes imposées par les studios, le budget, les divergences de conception, et j’en passe. Dans tous les cas, Babylon est très loin d’être un film « gastrique » comme j’ai pu le lire quelque part, et il ne ressemble aucunement au projet inachevé d’un étudiant en cinéma. Ces deux critiques en disent d’ailleurs bien plus long sur leurs auteurs que sur le film lui-même. (Et pour la dernière, ne pas oublier que de grands noms du cinéma étaient étudiants avant de devenir des maîtres…)