Quand la musique est bonne...Et bien, non ! La musique virevoltante donnait pourtant le tempo, pour ne pas dire parfois même le tournis. Après quoi, je ne retiendrai pas grand chose de ce film dans un mois. Ni les prouesses incontestables en matière de réalisation de Damian Chazelle que l'on connait déjà via ses trois précédents ni les trente dernières minutes splendides arrivant trop tard. Il eut été d'ailleurs plus audacieux de faire un film à l'inverse totalement épuré ne serait-ce que pour changer un peu "d'objet filmique" car si la mayonnaise prend à chaque fois tellement c'est foisonnant, ici, précisément, elle finit par devenir trop écœurante. Et ni la magnificence de
la photo, des décors et des costumes, n'y changeront rien. Cela tient plus de la démonstration.
Et l'on reste simplement spectateur. Sans que l'émotion ne nous parvienne, excepté à la fin.
Et encore. Chacun déballe sa partition en mode pilotage automatique. Même les pantomimes de Margot Robbie tiennent parfois de l'esbroufe tant le support sur lequel elle repose peine à nous atteindre. Tout est très-trop foutraque, il y a bien de l'audace, c'est clair, de la virtuosité, quelques très bonnes scènes, ça et là, la plupart relevant souvent de la performance très en couleur de Margot Robbie qui en fait des tonnes, certes, mais qui a un potentiel de fou, c'est évident.
Magnifique scène avec Diego Calva vers la fin, mais tardive elle aussi. Le personnage de Brad Pitt n'est pas évident comme il est dépeint et, perso, je n'ai pas vraiment accroché. Il m'a laissé de marbre. Je n'ai pas compris sa direction d'acteur. J'ai particulièrement aimé le côté taiseux et habité de Diego Calva dont le jeu pour le coup mériterait un oscar du second rôle et l'aura certainement car il donne beaucoup et contraste avec le reste. La scène avec Elinor et Jack est très forte aussi. Que c'est dommage car la chair est là. Mais c'est too much en permanence comme si tout le monde était sous coke avec les montées et les descentes. Et quant aux artifices grotesques faussement felliniens, et autres freaks qui n'apportent rien à l'instar du "bouffeur" de rat tout aussi grotesque et dont je me pose encore la question du pourquoi de cette scène, à quelle fin?? )
Le personnage effrayant interprété par Tobey Maguire aurait eu quelque intérêt avec plus de chair et de scènes alors qu'il tombe dans le néant lui aussi, laissant juste un arrère goût âcre et revanchard sur la fin, là encore, trop tard. aucun intérêt comme beaucoup de choses, par ailleurs. Qu'apportent ces personnages si ce n'est d'en perdre l'essence à chaque fois pour une couche en plus d’obscénités sans fond.
On met un peu de tout et n'importe quoi pourvu que l'on reste dans le décor. Le décor...Je le cherche encore. Qu'a cherché à prouver Damian Chazelle dans ce film ? Que raconte-t-il ? Car si le monsieur voulait parler du cinéma, je ne retiens ces derniers temps que trois films : "Il était une fois Hollywood", le paresseux et inégal mais quand même à certains moments intense "Mank", et le touchant "The Fabelmans" et, tout de même, ses vingt dernières minutes magnifiquement montées. Mais ça s'arrête là pour ma part. La Chantilly m'a écoeuré.
On appuie souvent sur les mots Grandeur et Décadence. Ici, on ne dépeint "que" la décadence, et même si l'époque s'y prêtait beaucoup, ne retient-on que cela ?
Les trente dernières minutes à elles seules suffisaient à construire l'ensemble sans y GREFFER tout et n'importe quoi. Je veux bien accepter l'idée d'un film jusqu'au-boutiste, mais il y a des degrés et Chazelle n'est hélas pas Pasolini. Au-delà de toutes les indélicatesses bien assumées de son film, que l'on aimera ou pas, mais qui au moins peuvent se targuer de bousculer un peu la bienpensance actuelle, vraiment insupportable, toute cette belle machinerie, il faut le dire, car elle est vraiment à certain moment grisante, ébouriffante, enivrante, puissante, habitée ! nous invite rarement à participer à la fête. Quand une belle scène est amorcée, on repart sur autre chose.
Le menu était trop compliqué, trop alambiqué. Ca doit être ça. Heureusement que le film ne termine pas sur la peinture contemporaine.
Bref ! A chacun son interprétation. Un 6 malgré cette critique difficile car il y a malgré tout beaucoup de matière, et de talent. Mais l'ivresse générale m'a laissé à la porte.