Au cœur de ce cinquième long-métrage "Wachowskien" conçu comme un énième reboot de La Matrice, Neo est cette fois-ci une femme, la Barbie à Barbieland.
Vivant indéfiniment la même journée édénique, elle finit par se questionner sur le son de l'inéluctabilité. Le son de sa mort prochaine.
Elle décide à contrecœur d'aller demander conseil à Morpheus, la Barbie bizarre. Pillule bleue (talon haut) ou pillule rouge (pied plat) ? Puis choisit de partir à la découverte du monde réel pour comprendre les méfaits qui s'acharnent sur sa plastique affriolante.
De l'autre côté l'attend une petite fille qui n'est plus connectée spirituellement à son jouet, vague à l'âme créant ainsi une brèche entre nos deux univers. Peut-être la raison pour laquelle tout va mal...
À l'instar de l'agent Smith, Ken manifeste un effacement pitoyable devant toute cette féminité absolue, plus intimement sous le regard de Barbie stéréotypée, sa convoitée conquête. Il se persuade de faire le voyage avec elle.
Notre monde leur fera peu à peu prendre conscience de ce qu'ils sont ou pourraient changer, dans le but de rétablir un potentiel équilibre.
Ken va se sentir (tout-)puissant dans cet élément machiste, empli de testostérone. Quant à Barbie, tristesse, déception, humiliation, rejet lui tomberont dessus telle la pluie numérique du code vert.
Une fois venue à bout de ce spleen, cette dernière rencontrera tout de même la créatrice du concept qu'elle incarne, une oracle sage et bienveillante, révélations à la clé, pour trouver une solution dans cette instabilité. Une confrontation épineuse, un rapport complexe femmes/hommes à l'image des humains/machines.
En parallèle, se lance aux trousses de notre mannequin, l'architecte des rouages malsains de chez nous, PDG de Mattel. Véritable loup déguisé en agneau pour asservir son égal contraire, la sommité d'œstrogène.
Au fil des multiples tours magistraux de carrousel, batailles machiavéliques grouilleront au travers d'une authentique comédie musicale.
Nos héroïnes et héros évoluent dans ce road movie engagé, soûl de situations cocasses et truffé de dialogues pour le moins osées.
Préludant sur "2023 : l'Odyssée de la Poupée Monolithe", la margoulette de toutes les convoitises bénéficiera du pouvoir de (pro)création à l'instant du dénouement.
Pour un renouveau pérenne disproportionné ou un équilibre parfaitement immuable ? Seul le discernement de chacun nous permettra de le savoir.