Blow-Up entretient un rapport étroit avec la photographie. Bien sûr il s'agit d'un élément clé du scénario, mais on le retrouve aussi dans le personnage principal, sa passion pour cet art étant très lié à sa personnalité, et dans quasiment chaque plan du film. Surcadrages, plans d'ensemble rappelant des photos de paysages, images divisée par plusieurs objets/éléments du décors : Antonioni signe une véritable déclaration d'amour à la photographie.
L'introduction du héros est haute en couleurs. Ayant rendez-vous avec un modèle pour un photoshoot, il se révèle vite odieux mais arrive à pousser la jeune femme à se livrer entièrement à l'objectif. Il la photographie comme s'il lui faisait l'amour, ce qui donne à la scène beaucoup de poésie, malgré un côté terre à terre provoqué par la misogynie non dissimulée du jeune homme. Il sait mettre en valeur les femmes mais il n'aura de cesse de les traiter comme des objets pendant tout le film. C'est assez clair que selon lui ce ne sont que des poupées manipulables, mais on ne peut pas vraiment lui en vouloir quand on voit qu'elles sont toutes cruches, avides ou superficielles (un commentaire sur le monde de la mode ?).
L'intrigue démarre vraiment au bout d'une quarantaine de minutes (sans pour autant générer d'attente auprès du spectateur), lorsque le photographe remarque quelque chose d'anormal dans un série de photos d'un couple prise à la sauvette dans un parc. Il se met alors à chercher des détails confirmant cette impression dans les agrandissements des clichés. Se met alors en place un jeu de perceptions et d’interprétations : est-ce que la scène (que l'on a vécu à travers les yeux du photographe) s'est réellement déroulée ainsi ? Est-ce que les images mentent ? Ce jeu de piste mènera à une conclusion des plus intéressantes.
Antonioni propose une réflexion sur les images et l'influence qu'elles peuvent avoir sur le spectateur. Cette thèse s'exprime via le scénario, mais aussi via la technique du film, les images "cartes postales", le cadre quasi idyllique du Londres des années 60, le rythme calme et l'ambiance posée. Le fond et la forme sont plus liés que jamais.