Quand on fait la critique d'un film, on a pour habitude de rappeler le pitch de celui-ci. Dans le cas de Cendrillon, nul besoin de le faire tant l'histoire est connue de tous. Et c'est bien là le problème. Celui qui a déjà vu la proposition animée de Disney aura, devant la version de Kenneth Branagh, un désagréable arrière goût de déjà vu. Pourtant, qui dit adaptation devrait dire ajout, réinterprétation. Ici, le réalisateur s'est contenté de mettre en images ce que nous connaissions déjà et le résultat est similaire à la vieille robe rose de Cendrillon : bon à déchirer.
Un récit déjà vu, un casting sans surprise
Du point de vue de l'histoire, rien de nouveau sous le soleil tant l'adaptation est fidèle à l'animé. Le réalisateur assume pleinement l'esthétique du conte de fées, et si la démarche est charmante au début, elle devient hilarante bien avant même que Marraine la bonne fée offre sa nouvelle robe à Ella (oui, comme il n'y avait pas moyen d'ajouter de l'épaisseur au personnage, autant changer son nom, ça trompera le spectateur cinq minutes), qui se dandine franchement comme une idiote. Dommage, jouer avec les codes du genre aurait pu être intéressant si l'oeuvre ne tombait pas dans le mièvre.
La question des souris parlantes a quant à elle été reglée sans trop de difficultés : des doubleurs Chipmunks semblent avoir été engagés pour couiner de temps à autres. Même la prestation de la grande Helena Bonham Carter est sans surprise : ici encore, le spectateur n'a droit qu'à du réchauffé. Décidemment, Cendrillon se contente de mettre au chaud des plats Sode**, et on comprend pourquoi grand-maman se potiche de belle-fille inutile.
Bon, et la marâtre ?
Sans surprise, le seul intérêt du film nous vient de Lady Trémaine, alias Cate Blanchett. Le personnage est le seul (avec ses filles) à faire preuve de modernité. Ses robes, au style très parisien et très années 40, illustrent tout le piquant du personnage. La marâtre est sadique, et on aime ça. Mieux, on en redemande. Il faut dire, et c'est l'unique raison pour laquelle ce film n'est pas totalement à jeter (après tout, Marraine garde un peu de la robe de Cendrillon) qu'on a droit, grâce à ce personnage, à de petits moments de lucidité de la part du réalisateur, des fragments de justesse qui ont eu le mérite d'être saisis. Le plus intéressant correspond à la scène où le personnage, dans le grenier de Cendrillon, évoque sa propre histoire et les raisons de sa haine. Ici, le film ouvre sur une autre oeuvre possible, qui aurait promis d'être savoureuse. De là à affirmer que Disney aurait dû rejouer la carte de Maléfique et tout miser sur la lady, il n'y a qu'un pas. Cate Blanchett nous aurait offert un moment unique, sadique, peut être un peu masochiste. Et là, ça aurait valu le coup de ressortir le vieux conte de Perrault du placard.