Charlot soldat par Maqroll
Le deuxième film de Chaplin pour la First National est aussi son premier moyen métrage. S’il manque encore un peu de fluidité sur la distance, il est déjà très à l’aise sur la conduite d’un récit plus développé, alternant les moments de comédie et de guerre avec brio. Après une introduction où le soldat Charlot s’initie au maniement des armes avec sa maladresse habituelle dès qu’il s’agit d’obéir à une autorité, le voilà dans les tranchées où son courage tout en simplicité va lui valoir des actes héroïques devant l’ennemi jusqu’à la capture du Kaiser lui-même dans un vertige de quiproquos et d’audace. La réalisation est inventive de bout en bout, renouvelant le comique sans jamais tomber dans la facilité ou la répétition abusive. Comme toujours, Charlot n’est là que parce que le hasard l’y a placé et c’est malgré lui qu’il devient un héros, relativisant la performance du guerrier, vaine et illusoire comme l’illustre le sous-titre final. Un premier grand manifeste contre la guerre en attendant Le Dictateur…