Le roi est mort, vive le roi

Citizen Kane est la définition d'un grand film. Orson Welles, du haut de ses 25 ans, signe le classique parmis les classiques, celui qui sera considéré comme le meilleur film de tout les temps pendant de longues années. Citizen Kane explore à travers le personnage de Charles Foster Kane, les méandres du journalisme, de la politique et de la richesse. Le film est un livre illustré, ou le son et l'image se mêlent parfaitement pour raconter en 2h les 60 ans de vie de l'homme le plus riche des États Unis. Et l'auteur de ce livre se fait aussi peintre, car quasiment chaque plan et un tableau de maître, élargissant pour la première fois au cinéma ses plans pour plonger dans ce monde de démesure et de gigantisme propre au capitalisme américain. Des les premières minutes, le film vous dit comment il va se finir : par la mort de Kane. Mais tout le monde meure, la question est plutôt : comment est il mort ? Est il mort seul ? Entouré par sa famille ? Riche ? Pauvre ? D'une mort naturelle ? Et comment a t-il vécu ? Que faisait il comme métier ? On pourrait alors penser que le film foncerait alors vers un ego trip sans nom, centré sur un seul personnage, qui, si il s'avère inintéressant, sera hélas notre seul source de distraction durant 2h... Mais les nombreux personnages secondaires ( notamment féminins ), tous très bien écris, donnent de la profondeur à Kane, qui serait sans eux une caricature de personnage. Et sans bouger de pays ni de ville, en alternant entre quelques lieux dits qui se comptent sur les doigts de la mains, Citizen Kane nous rappelle que ce qui compte, ce n'est pas la destination, mais le voyage.