Un p’tit dernier pour la route. Comme c’est pour la route, on ne va pas faire le difficile, mais on aurait pu. Il ne faut pas se casser la tête à chercher le suspense, le maître se contente de mettre son nom en bas de générique, et laisse faire le métier, et son cadreur, et son monteur. Pourtant cette histoire de voyante pour veuves friquées commence bien. Madame Blanche, fausse voyante, à la recherche du pigeon à plumer, avec son complice et homme à tout faire, amant à l’occasion Georges. Qu’est-ce que cela cache ? Peu de choses. Le couple d’escrocs amateur fait plus rire que peur. La fausse voyante est une gentille fille qui cherche à survivre ; son complice est chauffeur de taxi, et détective amateur. Trop d’amateurs dans ce film.
D’habitude Hitch nous raconte des histoires de vrais professionnels, de gens intéressants, ou de couples en danger. Des hommes ou femmes névrosés, il calcule des rebondissements qui font décoller le suspense. Ici, c’est pas le cas, c’est plus de la dérision qui s’auto congratule.
On rajoute un deuxième couple, plus dangereux, d’escrocs kidnappeurs, plus mystérieux, plus pros, mais ils finissent par ressembler aux deux autres, et faire des erreurs d’amateurs. Et le comique de situation l’emporte sur tout le reste. C’est de la comédie, sans dramatique, avec de l’humour, du salon de thé. L’humour noir a disparu de l’écran. C’est très consensuel comme film, fait par un admirateur peut-être. Un certain Frank Hitchcock, qui a vu tous les films du maître, qui cherche à l’imiter, mais qui n’a pas son talent. Ouais...
Seul moment où on ne joue plus, c’est par la direction d’acteurs, précise et sans faille, de main de maître. Ouais. Madame Blanche( Barbara Harris) est excellente dans le second degré. William Devane en escroc plus vrai que nature, cynique, est très drôle. L’histoire devient plus absurde que réaliste, et on ne croit guère à cette enquête, et cette recherche du fils caché d’une veuve, ou aux frasques de ce diamantaire, kidnappeur pour le plaisir. Comme l’histoire redevient assez banale, on peut conclure que Hitch n’a pas trouvé un angle assez aiguë pour pimenter le plat, il nous sert donc le divertissement idéal pour amuser le spectateur américain. On sent que le film a été fait exprès pour ça; et que l’histoire est sans queue ni tête, mais que les rebondissements d’école, vont fonctionner par mimétisme, la force de l'habitude.
Fausse scène culte : Cette descente en roue libre sur une route tortueuse, sans frein, avec la voiture qui menace de s’écraser au fond d’un ravin à chaque tournant, et nos deux « gentils» héros dedans, madame et "monsieur" Blanche. Ça me rappelle beaucoup un autre Hitchcock, plus sérieux, avec Cary Grant cette fois ci. Bon. Hitch a le droit de faire des films moyens, de s’auto-citer, comme nous on a le droit de préférer les anciens de sa filmo. Celui-là, je ne le conseillerais pas à quelqu’un qui veut entrer dans son univers, c’est pas vraiment le meilleur. Il est trop récréatif. On s’amuse trop, et on ne prend pas (trop) le sujet au sérieux. C’est uniquement parce que c’est le dernier Hitch qu’on ne parle. S’il était tombé sur un scénario plus riche, il aurait sans doute fait un film plus couillu, qui aurait fait immanquablement oublier celui-là.