Une découverte …

J'avais apprécié les critiques de deux éclaireurs (Plume 321 et Simplysmackkk) et avais inscrit le film dans ma liste d'achats potentiels. Disons que j'ai toujours un préjugé favorable pour ce cinéaste, Michel Hazanavicius, avec ses irrésistibles (pour moi, bien sûr) "OSS117" et "l'Artist" …

Ne me souvenant plus de ce que j'avais lu sur le film, je m'y suis lancé bravement, la fleur au fusil.

Le problème, c'est qu'au bout d'un quart d'heure environ, je me tourne vers ma femme tout aussi ahurie et dépitée par les cris hystériques et les flots d'hémoglobine, qui ne sont pas vraiment notre tasse de thé : "mais qu'est-ce que c'est que cette connerie ?"

Je résume ce que je viens de voir à cet instant et qui est loin d'être clair. C'est l'histoire d'un tournage d'un film de zombies avec un réalisateur complètement allumé. Le film vire très glauque car les acteurs se zombifient eux-mêmes au fur et à mesure et s'entretuent … Bon, pourquoi pas …

Puis subitement, c'est le générique de fin du film à trente et quelques minutes. On comprend que ce qu'on vient de voir est un film dans le film. Et on passe à des choses plus "sérieuses" qui sont la préparation du tournage étape après étape jusqu'à la mise en œuvre. D'abord l'idée de base qui est de faire, en France, le remake d'un court-métrage sorti avec succès au Japon, avec peu de moyens et un tournage à durée limitée sur un seul plan séquence. Puis le tournage avec ses aléas.

De cette expérience (ultime ?), je recommande à l'éventuel lecteur qui n'aurait pas encore vu le film de ne surtout pas jeter l'éponge lors de cette première partie. Car la deuxième partie (si je regroupe préparation et tournage) est beaucoup plus intéressante. Et on peut même dire impertinente et hilarante. Hazanavicius nous croque les différents personnages ou les différentes situations d'un tournage qui sentent une certaine vérité ou, a minima, un certain vécu.

Au départ, une histoire de copains. Un copain, Mounir, se fait l'intermédiaire entre une productrice japonaise et sa traductrice et un "petit" réalisateur français (Romain Duris) pour le convaincre de tourner un film "rapide, pas cher et dans la moyenne", ce que normalement il sait faire. Jusque-là, on est dans le concept où tout va forcément bien surtout si le producteur est d'un optimisme inébranlable. Puis peu à peu, on entre dans le dur avec les aléas. "Pas de moyens" signifie qu'il n'y a pas de plan B et encore moins de plan C. Et, lorsque l'heure du tournage du seul plan séquence arrive, il va de soi qu'une fois lancé, on ne peut plus arrêter car il est hors de question de refaire. On fait presque dans le direct.

Aussi quand il y a une défection, on fait avec les moyens du bord pour remplacer. Lorsqu'un acteur (indispensable) se présente ivre mort, on se démerde et on s'adapte à la situation. Et lorsque dans le résultat final (film de la première partie), on observait une baisse de tension ou des dialogues niais, c'est qu'il y avait une grosse merde dans les coulisses et qu'il fallait tenir pour ne pas couper et risquer de stopper l'avancement du film.

Et quand le script note une erreur (une hache qui a disparu), un raccord est mis en place pour la faire réapparaître en douce. On ne s'en aperçoit même pas dans le résultat final …

Le casting est pas mal avec Romain Duris dans le rôle du réalisateur allumé qui paye de sa personne en courant partout, en soutenant l'acteur ivre mort, en rattrapant in extremis la bévue d'un autre, etc …

Bérénice Béjo dans le rôle de l'épouse du réalisateur normalement maquilleuse mais recyclée actrice pour compenser une défection. Problème, c'est qu'étant adepte d'arts martiaux, elle a tendance à oublier de s'arrêter à temps, ce qui est fâcheux pour l'acteur visé.

Gregory Gadebois est pas mal dans son rôle de composition d'un zombie pur et dur (pour ne pas spoiler).

J'ai bien aimé le rôle de la productrice japonaise ainsi que l'expression très mobile du visage de l'actrice, Yoshiko Takehara, contredisant l'absence d'expressivité souvent habituelle des acteurs japonais.

Le film d'Havanicius semble égratigner le monde du cinéma. A la réflexion, je dirais bien qu'il s'agit aussi d'un hommage humoristique et attendri sur ce qui se cache derrière le rideau ou dans les coulisses d'un tournage.


JeanG55
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le 22 juin 2024

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JeanG55

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