Le Québécois Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y., Victoria : Les Jeunes années d'une reine) émigre aux États-Unis et s'intéresse à l'histoire vraie de Ron Woodroof, un trentenaire homophobe fan de rodéo et de partouzes non-protégées qui va se battre contre l'industrie pharmaceutique américaine dans les années 80 lorsqu'il découvre qu'il a le SIDA et que les soi-disant médicaments proscrits par les médecins ne sont en fait que des placebos nourrissant le budget du contribuable. Notre raciste homophobe va alors progressivement devenir un véritable dealer de médicaments efficaces en créant le controversé Dallas Buyers Club...
Dallas Buyers Club est une piqûre, une piqûre de rappel sur les dangers des rapports non-protégés, sur la drogue, sur le SIDA, sur l'homophobie, sur les années 80 et sur les pharmaceutiques véreux qui veulent s'en mettre plein les fouilles en usant de leurs relations. Le sujet est intéressant mais pas passionnant, la faute à un scénario qui, pour le coup, tatillonne entre le biopic centré sur Woodroff et la dénonciation des méthodes pharmaceutiques. Le traitement n'est pas parfait, à contrario du bouleversant Philadelphia de Jonathan Demme, ce qui n'empêche nullement le film de Jean-Marc Vallée d'être une réussite poignante et parfois déchirante, menée par une mise en scène sobre et l'interprétation bluffante de Matthew McConaughey et Jared Leto.
Les deux acteurs se la jouent Christian Bale et perdent de nombreux kilos pour devenir squelettiques : une performance pas vraiment originale mais qu'il faut souligner d'être cependant remarquable, en particulier pour le chanteur de 30 Seconds to Mars, touchant en travesti séropositif drogué jusqu'à la moelle. Le tandem fait des ravages à l'écran, servis par des situations parfois cocasses et des dialogues aux petits oignons, luttant tous deux contre l'Amérique, le pays de la liberté qu'ils disaient. Le long-métrage appuie là où ça fait mal et on se laisse autant porter par son message que par cette histoire certes larmoyante (la chasse aux Oscars, toute une histoire) mais bien foutue où l'on ne ressortira que plus vivant.