Gus Van Sant réalise ici son second long métrage, après une longue série de courts qui a forgée son savoir faire. Il est étonnant de voir à quel point il maîtrise son film. Sans parti pris, il nous plonge dans cet univers da paumés où la drogue tient de la quête du Saint Graal. Chaque plan est recherché pour nous conduire à cette fin inéluctable et prévisible, mais que l’on redoute pourtant à tous instants. Le tout servi par une technique extrêmement recherchée dont une photo sublime et un montage millimétré. Quant à Matt Dillon, sa composition sobre et sauvage donne à son personnage la consistance d’être qui se sait perdu d’avance, mais pour qui l’on éprouve la plus grande compassion. Un film dur, sans concession, où la drogue apparaît pas comme objet de fascination e seul objet de souffrance. Elle est la conséquence d’un mal être venant calmer la douleur de l’homme, jusqu’à sa fin certaine, overdose ou autre.