La grande faiblesse de Hush est d’adopter les mêmes excès qui définissent le personnage de Martha : des retournements de situation trop invraisemblables pour réellement convaincre – la scène de l’agression ou celle de la subite convalescence après accouchement déconcertent – viennent alourdir un ensemble déjà très démonstratif et qui ne laisse que peu d’espace au spectateur pour reconstruire l’intrigue et rassembler les indices. C’est dire que le film pèche par son manque de subtilité. Pourtant, il serait hypocrite de ne pas reconnaître le vrai savoir-faire en matière de construction dramatique dont Jonathan Darby fait preuve à chaque plan : parce qu’il ne cherche jamais à réinventer les codes du thriller américain qu’il restitue ici avec talent, le réalisateur privilégie le grand spectacle et est aidé par la remarquable composition musicale de Christopher Young. Le malaise croît, et même si l’on sait qu’un tel paroxysme ne serait pas possible dans la réalité – ce drame familial sur fonds de personnages maléfiques rappelle quelque peu le récent Get Out, la parabole raciale en moins –, l’énergie fictionnelle ainsi déployée captive. Il convient de suivre Hush comme un tour de manège d’une heure et demie, à l’instar de l’ouverture sur un carrousel vidé de son public qui semble tourner sur lui-même : tout est poussé à l’extrême, certes, et on sait que c’est faux ; mais on s’amuse, et c’est déjà pas si mal.