"Duel in the sun" fait partie de ces films restés plus célèbres pour l´histoire rocambolesque de leur tournage que pour... le film en lui-même. Et on comprend vite pourquoi tant tout y est consternant. Le problème principal semble se résumer assez simplement : David O.Selznick, son égo, son porte-monnaie et sa femme. On repense forcément à la caricature du producteur mégalo dans "The bad and the beautiful" de Minnelli, portrait à peine déguisé de Selznick.
King Vidor devait être aux manettes de ce film-le-plus-cher-du-monde-technicolor-western-autant-en-emporte-le-vent-avec-ma-femme-dedans. Disons le tout de suite, Jennifer Jones-Selznick n´est pas restée dans la mémoire de tous les cinéphiles et c´est bien injuste parce qu´elle est probablement la pire actrice du cinéma en couleurs et ce n'est pas rien !
Pourtant, avec des noms pareils au générique, une actrice seule ne peut pas saloper un projet de cette importance. Alors réunissons nos forces les amis ! Le scénario rassemble à peu près tous les clichés lourds dingues imaginables. Le fait que huit réalisateurs se succèdent derrière la caméra n´aide pas forcément à la cohésion de l'ensemble. Et la photographie a pris un coup de soleil (forcément) si bien que tout tire sur un rouge sang dégueulasse. Bref.
Non, c´est vrai que certains grands comme De Palma auraient joué de ces artifices, du côté toc du film, où chaque plan crie "c´est du ciné, tout est faux, ceci est un décor de studio !". Même le casting est une blague (putain mais PERSONNE n´est à sa place ici !). Mais l´humour et le recul de manière générale ne semblent pas être le fort de Selznick. La fin est un sommet culte de kitsch jusqu´au boutiste et larmoyant pour mémère. C'était déjà too much en 1949, n´en parlons pas aujourd´hui.
Bilan : quand on laisse un producteur penser à haute voix et faire confiance à son "sens artistique" on obtient un machin qui m´a fait soupirer après 6 minutes (le film en compte 138 au compteur) et donné envie de revoir "Hollywood ending" où un réalisateur aveugle s'en tire mieux qu'ici. Et dire que Scorsese se paluche dessus dans son "Voyage à travers la cinéma américain"...