Enemy, ou comment se sentir comme un benêt devant l'écran

Je m’aventure dans une critique alors que je n’ai pas saisi le film… Vous savez, ce genre de salle de cinéma où on entre gaiement, et d’où on ressort totalement ahuri. Comme la curiosité m’était insoutenable, j’ai fait mes recherches Google, comme un benêt.

Synopsis
Adam Bell est un professeur d’histoire. Il vit une vie monotone avec sa fiancée Mary, dans un taudis jaunasse, et est enfermé dans un quotidien morose qui se répète. Un jour, sous le conseil d’un collègue, il visionne un film et se rend compte qu’un acteur lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il mène son enquête et souhaite le rencontrer.

Il faut savoir que Denis Villeneuve, le réalisateur, se plaît à tromper le spectateur dès le résumé de son film. Que tous les dialogues sont assez évasifs pour que le public se perde dans une fausse interprétation. Lorsque vous regarderez ce film, vous vous demanderez : est-ce qu’Adam Bell a réellement un sosie ? Sont-ils frères ? Est-ce un rêve ? De la schizophrénie ? Mais les détails bien pensés du film vous ramèneront toujours à penser qu’il y a bel et bien deux personnages.

En parallèle à cette incompréhension, vous serez enveloppé dans une atmosphère étouffante. Les images du film sont jaunes, ocres, marrons. La ville de Toronto est constamment perdue dans une brume beige et malsaine. Des araignées et mygales feront régulièrement leur apparition dans des scènes, ainsi que des allusions à sa toile : des fissures de verres, des câbles électriques qui se mêlent dans les nuages…

Les deux personnages féminins, qui sont la femme et la fiancée des sosies, joueront finement le désarroi et la peur qu’elles ressentent face à leurs maris. Qui est-il ? Qu’est-ce qui lui arrive ? Est-il toujours le même ? Et Jake Gyllenhaal, le merveilleux Jake, jouera à la perfection tantôt un prof timide, tantôt un acteur sûr de lui et infidèle.

Nous sommes bien loin du « Love et autres Drogues ». Jake Gyllenhaal est un acteur convaincant face à la caméra de Villeneuve, qui mène son film d’un rythme lent et lourd, sur fond de musique assourdissante et décousue. Ce film est donc une œuvre à déchiffrer, avec ces symboles, ces métaphores et un scénario construit pour perdre le spectateur dans la brume, lui aussi ! Il faut certainement avoir un bon bagage cinématographique pour comprendre ce film, un peu de jugeote et même beaucoup de réflexion. Dans tous les cas, Denis Villeneuve a réussi à nous troubler et à nous questionner sur le double et le subconscient.

Si vous avez vu ce film, je vous invite à consulter son analyse en ligne ici :

Analyse en anglais sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=v9AWkqRwd1I
Analyse en français sur le blog Cinérama : http://cinerama7art.com/2014/05/30/enemy-explication-et-decryptage/