Certes un peu décevant par rapport au Much Loved du même réalisateur, Everybody Loves Touda est cependant un beau et grand film, par son sujet, par quelques scènes remarquables (dont la répétition par la Cheikha d’un Aïta, où elle finit par fondre sa voix dans celle du muezzine apparue en cours de route au lointain – par hasard, disait Ayouche dans une interview sur France Musique), par le jeu de son actrice principale (Nisrin Erradi) et celui du jeune acteur qui joue son fils (Joud Chamihy) et par son traitement du regard des hommes sur les femmes (qui contraste nettement avec celui de la caméra sur elles : jamais voyeuse ni collante, mais toujours en empathie). Mais la narration est lâche et ne tient pas la tension qui pourtant pouvait naitre du film, ce qui fait que ce dernier ressemble plus à une collection de scènes qu’à un récit bien construit – que ce soit dans l’itinéraire artistique de Tounda que dans sa (belle) relation avec son enfant muet.