Ne vous y trompez pas, vous ne trouverez dans excision ni ritournelle joueuse, ni subtile apologie du verbe, Richard Bates Jr y est bien trop occupé à faire voler en éclats les mâchoires de son audience pour se soucier du mal qu’il cause. 1h20 d’exposition, 80 minutes pendant lesquelles monte en puissance la défaillance d’un esprit torturé, 4800 secondes oppressantes qui conduisent à un final d’une intensité rare.
J’ai pourtant souvent ri, bien engoncé dans mon fauteuil et persuadé qu’on ne me la ferait pas —dis donc, j’suis pas un rookie, faut s’lever tôt pour m’impressionner—. Une attitude légitime, parce qu'Excision est parfois réellement drôle, mais aussi parce qu'il est nécessaire de ne pas tout y prendre au premier degré afin de désamorcer l'omniprésent malaise qui s'empare du cadre. Vaine tentative… j’ai fini la séance sans même un sourire, sincèrement bousculé et très respectueux du travail accompli : quoiqu’on puisse penser de l’âme troublée aux commandes de cette descente suffocante dans les ténèbres, seule une belle dose de talent pouvait contenir propos aussi viscéral pour lui donner à la fois du sens et un réalisme formel impressionnant.
De quoi susciter chez moi une féroce envie de découvrir les autres faits d’arme du bonhomme, même s’ils ont l’air moins prometteurs à première vue. Et puis, messieurs, rassurez-vous, point de scandale ici, Traci a l’âge qu’il faut… elle délivre même une prestation très honorable, réussissant à capter parfois le regard quand il n’est pas rivé sur la performance hallucinante d’Annalynne McCord qui, aux frontières du cabotinage, réussit à faire se côtoyer furieusement horreur et compassion.
Pfiou!