Ceci est une analyse d'Eyes Wide Shut, écrite par Jean-Claude Lamy à la page 494 du Dictionnaire des films, aux éditions Larousse (2010).
"La quête sexuelle est le sujet du film, mais, curieusement, on ne peut se défaire de l'idée que les personnages se trompent sur eux-mêmes : comme ils ne savent pas ce qu'ils cherchent, ils se disent qu'ils sont en quête d'expériences sexuelles, histoire de se donner l'impression d'avoir un but. Lorsqu'ils se trouvent à pied d’œuvre, le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne manifestent pas un furieux appétit ; ainsi, Bill Harford semble en visite lorsqu'il se trouve dans la chambre d'une prostituée (qu'il ne touchera d'ailleurs pas). Tout le monde a plus ou moins l'air de jouer avec l'idée du sexe sans s'impliquer physiquement, jusques y compris les figurants de la grande orgie qui semblent poser pour un somptueux opéra baroque très esthétiquement dénudé. On en vient à se demander de quoi exactement Kubrick a voulu nous parler dans cette dernière œuvre belle et énigmatique : l'impasse de l'hédonisme ? la mort du désir ? l'inanité des passions ? la primauté de la quête sur la conquête ? Toutes ces lectures, et bien d'autres encore, sont possibles, ce qui, après tout, est la marque d'un grand film. J.-C.L."